Le Lot en Action, par Emmanuel Gaignault, mis en ligne le 14 avril 2015.
Photo : Jean-Paul Jaud, cinéaste environnementaliste, milite pour la transition énergétique. (copyright X.D R)
Bien connu des passeurs d’espoir et des acteurs pour un monde meilleur, Jean-Paul Jaud continue son combat pour une humanité plus juste, plus authentique et plus respectueuse de l’environnement. Son dernier film est un témoignage à charge contre le lobby nucléaire, ses désastres, ses poubelles et ses dérives que certains n’hésitent pas à qualifier de mafieuses. Les citoyens doivent choisir, aujourd’hui et pas demain, entre la transition énergétique ou l’hiver nucléaire.
Qui préfère vivre à Tchernobyl ou à Fukushima plutôt que sur l’île de Samsø au Danemark ou celle de Cuba dans les Caraïbes ? À moins d’être complètement idiot ou suicidaire, il n’y a pas photo… Il est urgent d’être libres ! Rencontre avec un réalisateur qui empêche de dormir les chargés de communication d’Areva, EDF, General Electric et autres entreprises « philanthropiques » du secteur… Quant à madame Royal, de l’ENA, « promotion Voltaire » – « Rastignac », au vu du cursus de certains élèves, aurait été un nom plus adapté nous semble-t-il ! - nous ne pouvons que lui conseiller de regarder ce film. Ne devrait-elle pas s’inspirer de l’Allemagne sur le plan de la transition énergétique, plutôt que de se renier face aux pressions des maîtres de l’atome comme saint Pierre face aux accusateurs du Christ ? En matière de religion comme en matière d’écologie, la prophétie pacifique demande un certain courage et une certaine cohérence. Bref, une volonté et une élégance de l’esprit qui vont au-delà d’un tailleur bien coupé et d’une analyse politicienne.
Bouleversant, drôle et inspirant, le parcours initiatique d’enfants de France, du Japon et du Danemark dans le monde des énergies renouvelables. Après « Nos enfants nous accuseront », « Servern, la voix de nos enfants » et « Tous cobayes ? », Jean-Paul et Béatrice Jaud ont réalisé un nouveau film : « Libres ! ». Confidences de Jean-Paul Jaud pour LEA.
Photo : (copyright X.D R)
Le Lot en Action : Quel est le message, le point commun, le fil conducteur entre tous vos films ?
Jean-Paul Jaud : Il s’agit pour moi de dénoncer l’état catastrophique dans lequel se trouve notre planète. Mon combat vise à préserver l’avenir des générations futures. Il faut transmettre aux jeunes notre Terre dans un état vivable. Hélas, cela n’en prend pas du tout le chemin. Les belles choses que je montre dans mes films tendent à disparaître. Saccager et polluer la nature est un crime. À l’école, lorsque l’on vous prête un bien, on vous apprend à le rendre dans le même état qu’on vous l’a donné. Et bien, aujourd’hui, ce n’est pas la démarche majoritaire chez les adultes qui vivent sur notre planète. Jamais dans l’histoire de l’humanité nous n’avons laissé des tonnes de déchets radioactifs impossibles à recycler aux générations qui viennent. Ces déchets seront encore très dangereux dans des milliers d’années. N’est-ce pas choquant ? C’est un vrai scandale étouffé par un silence assourdissant… Notre pays est en « pointe » en matière de nucléaire. Le lobby industriel et de nombreux leaders politiques ont imposé cette énergie aux Français. Il faut dénoncer cette folie sans relâche ! Dans notre pays, qui sait que le nucléaire représente 3% du total des énergies utilisées dans le monde ? Et pourtant ce petit pourcentage qui va augmenter dans les années qui viennent fait peser sur la population des risques dramatiques. Tchernobyl et Fukushima n’ont été que des avertissements dont les responsables français n’ont pas tiré de leçon, contrairement aux dirigeants allemands.
LEA : La situation est-elle désespérée ?
Photo : (copyright X.D R)
JPJ : Je ne le crois pas, sinon il y a longtemps que j’aurais rangé ma caméra et que j’aurais arrêté de faire des films. Néanmoins, l’état du monde est très préoccupant. Nous sommes au bord du précipice. Bientôt, nous aurons franchi un cap de non retour, nos dégâts seront irréversibles. Face à la passivité des politiques, il est urgent que les citoyens se mobilisent. Nicolas Hulot répète souvent que « Comme le Titanic, nous avançons droit sur un iceberg, mais l’on persiste à ne pas changer de direction ! » Le président de la république française, Jacques Chirac, a également employé une formule que je trouve très pertinente lors du discours qu’il fit devant l’assemblée plénière du IVème sommet de la Terre en septembre 2002, à Johannesburg, en Afrique du Sud : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ! »
LEA : Qui est le plus menacé aujourd’hui, l’humanité ou notre planète Terre, ou les deux ?
JPJ : La planète survivra mais l’humanité est en danger de mort. D’ailleurs plus largement c’est toute une partie du vivant qui risque de disparaître, car les microbes, les incestes, les plantes et les animaux sont aussi concernés que les hommes par cette extinction de masse !
LEA : Quel fut le point de départ de votre réflexion lorsque vous avez décidé de vous lancer dans la réalisation de votre dernier film « Libres ! » ?
Photo : Scène tournée à 4 km de Fukushima pour « Libres ! ». (copyright X.D R)
JPJ : Fin 2011, je rentrais d’un tournage au Japon, à Fukushima, pour mon film « Tous Cobayes ? » et dès juillet je repartais à Mortagne-sur-Gironde pour mon travail. Une personne m’a dit d’aller voir une ferme bio située à quelques kilomètres, et dont les responsables organisaient des stages de musique pour des enfants de huit à dix ans. Arrivé là-bas, j’ai eu comme un flash-back sur mon enfance : les forêts de pins, l’océan, les odeurs, l’insouciance de ce que j’avais vécu en Charente-Maritime me sont revenus instantanément. Et pourtant, à 20 km de cette ferme on a la centrale nucléaire de Blaye qui a failli exploser en 1999. D’ailleurs, l’accident fut si grave que le préfet a téléphoné à Alain Juppé pour qu’il s’éloigne au plus vite de Bordeaux.
Heureusement, le circuit de refroidissement de la centrale nucléaire s’est remis en route tout seul. C’est un miracle mais les miracles ne se reproduisent pas à chaque accident ! Combien de Français sont au courant qu’un quart du territoire national aurait pu être irradié de façon irréversible et que les vignobles du bordelais, connus dans le monde entier, ont failli être définitivement rayés de la carte pour toujours ?
À partir de ce moment, j’ai voulu réaliser « Libres ! », film qui vient de sortir au printemps. C’est un cri de révolte et un cri d’espoir. Changeons notre politique énergétique avant qu’il ne soit trop tard. Abandonnons le nucléaire !
LEA : Qu’avez-vous essayé de montrer dans ce film ?
JPJ : Je veux dénoncer la folie des hommes obnubilés par l’appât du gain. Trop de leaders politiques et de dirigeants économiques sont irresponsables ! Les énergies fossiles, comme le pétrole, le charbon et surtout le nucléaire qui fonctionne grâce à l’uranium, aliènent notre liberté depuis deux siècles et hypothèquent gravement le futur de nos enfants et de nos petits enfants. Savez vous que si nous étions capables de stocker l’énergie émise par le soleil pendant une journée à la surface de la Terre, nous pourrions fournir autant d’énergie que l’humanité en consomme en un an ?
Il est temps que nous nous orientions vers des sources qui ne polluent pas ou beaucoup moins, qui sont inusables et qui coûtent pratiquement rien, comme la force des marées motrices, la géothermie, le solaire et l’éolien. La production d’énergie est une question bien trop cruciale pour que les citoyens s’en détournent. Nous ne devons pas laisser ce sujet aux prédateurs économiques et politiques. Nous devons nous en emparer et exiger un débat public. L’heure où ceux qui nous ont conduits dans cette impasse devront répondre de leurs actes se rapproche.
LEA : Et quel résultat concret aimeriez vous obtenir suite à la diffusion de ce film ?
Photo : Un poète japonais nous livre son témoignage sur la tragédie de Fukushima dans « Libres ! ». (copyright X.D R)
JPJ : Je suis parti du constat qu’en France il n’y avait pas d’unanimité contre l’utilisation du nucléaire. De plus, notre pays n’est pas autonome sur le plan de la production d’électricité. D’ailleurs, j’en veux pour preuve que nous achetons à l’Espagne de l’électricité issue des énergies renouvelables moins chères que lorsque nous leur vendons notre électricité nucléaire ! N’est-ce pas délirant ? J’ai voulu soutenir les gens qui disent non à la production d’électricité à partir des centrales nucléaires. Il faut aider ces personnes courageuses et visionnaires. Ne donnons pas notre argent à EDF mais choisissons plutôt ENERCOOP, entreprise française qui vend de l’électricité produite à partir des énergies renouvelables. Il suffit de contacter cette coopérative par mail (www.enercoop.fr ) et les employés se chargeront des démarches administratives avec EDF pour transférer votre contrat chez eux. Certes, votre électricité vous coûtera un peu plus cher, mais c’est un geste citoyen fort. En outre, cela va développer un cercle vertueux, car comme vous payez votre électricité à un prix plus élevé, vous ferez attention pour essayer de faire des économies. En résumé : moins de pollution pour les générations futures, moins de risques d’accidents nucléaires, vous aidez le développement des énergies vertes et vous devenez un consommateur responsable qui fait attention à ne pas gaspiller l’énergie ! N’est-ce pas un comportement sain et moderne ?
LEA : Quelles sont difficultés que vous avez rencontrées pour faire aboutir ce projet ?
JPJ : Principalement des difficultés financières, car la plupart de mes partenaires habituels se sont faits discrets… Le lobby nucléaire est très puissant et très riche. Je tiens néanmoins à souligner que Canal+ nous a suivis et que Marion Cotillard nous a beaucoup soutenus, enfin de nombreux citoyens ont répondu avec générosité à notre demande de financement participatif via Internet et la plateforme de la Nef. Le tournage s’est très bien déroulé. Dans ce film, la musique occupe une grande place, peut-être a-t-elle favorisé l’harmonie entre nous ?
LEA : Vous êtes-vous fixé des objectifs comme le nombre de spectateurs à atteindre, le nombre de salles où le film devra être projeté, les messages à faire passer au public ?
JPJ : Non, aucun objectif, mais naturellement nous souhaitons attirer un maximum de spectateurs et être programmés dans le plus de salles de cinéma d’art et d’essai possibles. Peut-être que nous pourrons également être programmés dans des salles de cinéma multiplex car elles touchent des subventions lorsqu’elles passent des films d’art et d’essai. La première semaine « Libres ! » était prévu à l’affiche dans une quinzaine de salles, et pour la semaine suivante dans une vingtaine. Pour l’instant, nous avons des critiques positives dans la presse et les responsables de cinémas sont sensibles à cet aspect là aussi.
LEA : Comment définiriez vous ce film ?
JPJ : « Libres ! » est une histoire qui oscille entre tendresse et effroi ! J’ai fait un film sur l’harmonie de la vie mise en péril par la démence de certains humains.
LEA : Pour vous, « Libres ! » est un projet réussi ?
JPJ : L’autosatisfaction n’est pas trop ma tasse de thé mais je n’aime pas non plus être faussement modeste. Je suis fier d’avoir pu terminer ce film et qu’il ait pu être projeté le jour anniversaire de la tragédie de Fukushima, le 11 mars 2011. C’est ma façon à moi, et à mon équipe, de rendre hommage aux victimes. La mission est accomplie mais la guerre contre le nucléaire est loin d’être gagnée. Je pense que ce film va avoir une longue vie car j’ai eu de très bons retours sur les réactions des jeunes. Ce combat, c’est d’abord un combat pour eux, et ça, croyez moi, ils sont en train de le comprendre !
LEA : Comment est-ce que vous résumeriez votre métier ?
JPJ : En tant que cinéaste environnementaliste je me dois de montrer la vérité, d’informer, de distraire et d’émouvoir le spectateur.
LEA : Pouvez-vous expliquer de façon simple ce qu’est la transition énergétique ?
JPJ : Il s’agit de se débarrasser des énergies du 20ème siècle et d’abandonner l’exploitation du charbon, du pétrole, du gaz et du nucléaire. En fait, on ne doit pas aller chercher les sources d’énergie dans le sous sol, excepté pour la géothermie, mais au-dessus de la terre : vent et soleil. Ces ressources du sous sol, il faut les préserver, car demain elles seront peut-être précieuses pour la médecine. On doit aussi utiliser davantage l’océan, je pense à la houle et aux vagues. Toutes ces énergies renouvelables nous appartiennent. C’est notre bien commun. Il faut arrêter la centralisation en ce qui concerne la production d’énergie car elle est source de désastres et d’injustices immenses.
LEA : Donc pour vous pas de doute, on peut se passer totalement du nucléaire dès aujourd’hui ?
JPJ : Bien sûr ! D’ailleurs, c’est le choix récent de l’Allemagne. Quant aux Danois, il y a 30 ans qu’ils ont dit non au nucléaire. En 2020, 50% de leurs énergies viendront des énergies renouvelables. En Espagne, les 50% d’énergie produits par la filière verte sont pratiquement atteints !
LEA : On a entendu beaucoup de critiques sur les chaines de télévisions françaises concernant le choix allemand, notamment le retour à la production de charbon, activité qui polluerait énormément. Qu’en pensez- vous ?
JPJ : Un bon vieux discours qui passe régulièrement comme une chanson sur un disque vinyle rayé, le refrain s’apparente à un slogan qui doit entrer dans la tête des Français, mais pensez-vous vraiment que les Allemands n’ont pas envisagé toutes les facettes de ce problème complexe et qu’ils se sont lancés à l’aventure comme des amateurs ? Les centrales thermiques ne sont pas celles du début du 20ème siècle. Elles ont fait des progrès très importants sur le plan des normes anti-pollution. En outre, comment croyez vous que les Français obtiennent leur uranium au Niger ? Et bien, tout simplement au moyen d’une centrale thermique, mais ça, on l’entend beaucoup moins dans les médias officiels. Lorsque l’on réfléchit aux menaces que fait planer cette industrie de mort au dessus de nos têtes, on s’aperçoit que ce ne sont pas les écolos, et plus généralement ceux qui sont contre le nucléaire, qui nous feront retourner à la bougie, mais bien les pro- nucléaires ! Regardez ce qui se passe dans les régions de Tchernobyl et de Fukushima…
Les Allemands vont diversifier leur production en énergie. Ils investissent déjà fortement dans les filières d’énergies renouvelables. Les solutions et les offres pour les collectivités publiques, les entreprises et les particuliers vont se multiplier. La France est en train de prendre beaucoup de retard.
LEA : En ce qui concerne le nucléaire, la France est-elle une exception « culturelle » ?
JPJ : Et pourtant nous avons du vent, un littoral important et des territoires outre mer. Nous pourrions changer notre politique énergétique, mais le lobby nucléaire fait tout pour s’y opposer. Qu’on soit pour ou contre, on ne peut pas contester le fait que 75% de notre production d’électricité vient des centrales nucléaires. Il n’y a pas de mix énergétique dans notre pays ! S’il y a un accident nucléaire en France de type Fukushima, c’est un quart du territoire de l’Hexagone qui sera contaminé !!!
LEA : Y-a-t-il un scandale nucléaire en France ?
JPJ : Oui, indiscutablement, car une partie de nos impôts sert à renflouer les caisses d’Areva dont la politique depuis des années est à l’origine d’une catastrophe écologique et économique. Citons simplement le cas de l’EPR de Flamanville dans la Manche avec un projet qui était au départ estimé à 3,3 milliards d’euros en 2005, aujourd’hui nous en sommes à plus de 9 milliards d’euros !!! Ce qui intéresse les responsables de l’industrie nucléaire en France, c’est le profit à tout prix !
LEA : Si vous deviez donner deux arguments à nos lecteurs pour aller voir votre film « Libres ! » ce serait lesquels ?
JPJ : Je dis aux parents : pensez à vos enfants ! Aux enfants, je dis pensez à votre avenir ! Notre film parle de l’avenir des enfants !
LEA : Et si vous deviez prendre deux citations pour définir votre film ce serait lesquelles ?
JPJ : « La beauté splendeur du vrai » de Platon et « La beauté sauvera le monde » de Dostoïevski. Les enfants du film « Libres ! » sont beaux parce qu’ils sont vrais !
LEA : avez-vous une idée du thème de votre prochain film ?
JPJ : Il traitera du respect du vivant et de la transition énergétique.
Propos recueillis par Emmanuel GAIGNAULT
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Liens utiles
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www.fukushima-blog.com
Fukushima-blog, un blog entièrement consacré à la catastrophe nucléaire de Fukushima et à ses répercussions au Japon et dans le monde.
Les modèles de Jean-Paul JAUD
Quelle est la femme que vous admirez le plus ? « En fait, il y en a deux ! J’aimerais citer Serven Cullis Suzuki qui a prononcé le discours à Rio de Janeiro en 1992 pour le sommet de la Terre alors qu’elle avait 12 ans, et que j’ai retrouvée et interrogée pour mon film « Severn, la voix de nos enfants » alors qu’elle avait 29 ans et attendait son premier enfant. Et puis, il y a Vandana Shiva, écologiste, écrivain et féministe indienne qui dirige la Fondation de la recherche pour la science, les technologies et les ressources naturelles ». Et quels sont les deux hommes que vous admirez le plus ? « Le mahatma Gandhi et le réalisateur, producteur et scénariste japonais Akira Kurosawa ! »
Areva et la corruption
Le Monde.fr avec l’AFP a mis en ligne sur son blog l’info suivante le 21/01/2015 :
« Le militant antinucléaire Stéphane Lhomme, relaxé des accusations d’Areva par la cour d’appel de Paris où il était poursuivi par Areva pour diffamation (…) Le président de l’Observatoire du nucléaire (Stéphane Lhomme) avait fait état en 2012 d’une contribution du groupe de 26 millions d’euros au budget du gouvernement nigérien, dont 15 millions affectés à « l’achat d’un avion présidentiel » ». Sans commentaire…
Le nucléaire français sous contrôle américain ?
Décembre 2014, une majorité des actionnaires d’Alstom approuve la cession du pôle énergie de l’entreprise française à la multinationale américaine General Electric. Rappelons qu’Alstom couvre actuellement plus de 30% du parc nucléaire mondial et s’occupe de la maintenance des 58 centrales nucléaires installées dans l’Hexagone. Donc à présent, quoi qu’il arrive chez nous en ce qui concerne le nucléaire civil français, les décisions se prendront au siège de la firme américaine, c’est-à-dire de l’autre côté de l’Atlantique, aux Etats-Unis ! Idem si l’on a besoin de pièces ou d’expertises pour nos sous marins nucléaires… Indépendance énergétique et dissuasion nucléaire garantes de la souveraineté nationale bradées à l’empire américain. Alors vraiment a-t-on encore une raison de poursuivre dans cette voie du tout nucléaire ? En tous les cas, plus aucune raison politique ne semble crédible après ce fiasco.
Alstom, nouveau scandale d’État ?
Une cinquantaine de députés, majoritairement de droite, ont réclamé une commission d’enquête sur la vente d’Alstom Énergie à General Electric. En cause « des zones d’ombres encore trop nombreuses dans ce dossier » ; « des raisons stratégiques floues » ; « la pression de la justice américaine » ; « l’absence de mise en concurrence avec des offres alternatives » ; « une transaction faite pour un prix relativement faible », etc.
Enfin, cerise sur le gâteau : «les salariés ne disposent d’aucun engagement réel de la part de General Electric en matière de maintien de l’emploi sur les différents sites français ». Permettre une transaction de ce type sans avoir un minimum d’assurance pour le personnel, c’est la classe pour un gouvernement socialiste ! La trahison du prolétariat, c’est maintenant ?
En revanche, certains dirigeants d’Alstom Énergie devraient obtenir des postes au sein de General Electric, dont Jérôme Pécresse, l’époux de Valérie Pécresse, actuellement vice-président d’Alstom qui pourrait être nommé patron d’une nouvelle division de la multinationale américaine… Si l’info est confirmée, alors ce serait terrible pour la réputation de ce monsieur qui n’aurait rien obtenu pour ses salariés, mais serait, lui, assuré d’un beau poste à forte rémunération chez General Electric… Affaire à suivre !
Incidents à la centrale de Fessenheim
Extrait du blog de l’Observatoire du nucléaire : « EDF a menti à l’Autorité de sûreté nucléaire ».
Aucune sanction n’est prévue à ce jour contre EDF, l’Autorité de sûreté n’a aucune… autorité.
« L’Observatoire du nucléaire attire l’attention de l’opinion publique sur un courrier sidérant de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) daté du 12 mars 2015 (*). Pour mémoire, une fuite survenue le 28 février 2015 vers 17h30 a conduit EDF à stopper le réacteur n°1, entraînant l’arrêt complet de la centrale, puisque le réacteur n°2 était déjà hors fonction.
L’Autorité de sûreté nucléaire a alors mené une inspection « suite à événement », le jeudi 5 mars 2015. À cette occasion, EDF a affirmé aux inspecteurs que la tuyauterie concernée ne serait pas remise en service « avant plusieurs semaines ». Or, à peine les inspecteurs avaient-ils tourné les talons que la tuyauterie était immédiatement remise en service…et occasionnait une nouvelle fuite !
« Vous avez indiqué aux inspecteurs avant leur visite de terrain que le tronçon de tuyauterie 1 ANG 000 TY rompu avait été remplacé mais que la ligne ne serait pas remise en service avant plusieurs semaines. Contrairement à cette information, vous avez remis en service la tuyauterie 1 ANG 000 TY le 5 mars 2015 vers 12h25. Cette remise en service a provoqué la rupture de la tuyauterie à 12h28 ».
C’est avec étonnement que l’on peut constater que la directrice de la division de Strasbourg de l’ASN ne se formalise pas outre mesure de cette tromperie éhontée de la part d’EDF puisque, en fin de courrier, elle manie l’euphémisme en parlant « d’information contraire » au lieu de dénoncer un véritable mensonge de la part d’EDF :
« Je vous demande de m’indiquer les circonstances de la remise en service de la tuyauterie 1 ANG 000 TY le 5 mars 2015 à 12h28, et les raisons pour lesquelles une information contraire a été donnée aux inspecteurs de l’ASN ».
L’Observatoire du nucléaire dénonce avec la plus grande fermeté la faiblesse de l’Autorité de sûreté nucléaire face à EDF. Trop souvent, les dirigeants politiques rassurent la population en affirmant que l’on peut avoir confiance dans la prétendue « compétence » de l’ASN et sa supposée « indépendance ». Il convient au contraire de ne pas se laisser abuser par les informations récurrentes comme « cet évènement est survenu dans la partie non nucléaire de l’installation » (alors que cela peut aboutir à un accident… dans la partie nucléaire !) ou « La sûreté des installations n’a pas été mise en cause » (comme s’il fallait attendre un accident réel pour réagir !). Pas plus que celle du Japon, l’Autorité de sûreté française n’est une garantie contre une catastrophe nucléaire. Pour mémoire, le Japon fonctionne en continu depuis octobre 2013 avec 0% de nucléaire : c’est assurément la seule mesure de « sûreté nucléaire qui soit véritablement efficace… »
(*) document à télécharger ici : http://bit.ly/1yq7xww
Lien : http://observ.nucleaire.free.fr/fessenheim-edf-ment-asn.htm
De l’argent public détourné au profit de l’industrie nucléaire ?
Extrait du blog de l’Observatoire du nucléaire : « L’État s’offre 27 412 875 actions d’Areva au dessus de leur valeur…qui est en réalité nulle ! »
« C’est par un arrêté (*) d’apparence anodine, publié au Journal Officiel du 12 décembre 2014, que le gouvernement (et plus exactement le Ministère des finances) a détourné pas moins de 334 millions d’euros des caisses de l’État au profit du Commissariat à l’énergie atomique (CEA).
On peut considérer ce cadeau comme une incroyable rallonge de 30% de la subvention annuelle octroyée par l’État aux activités « civiles » du CEA (1,06 milliard d’euros en 2014). Ce curieux versement appelle deux remarques principales :
1°- 27 412 875 actions d’Areva au prix de 334 300 010, 63 euros, cela donne 12,2 euros par action alors que la cotation d’Areva est aujourd’hui de 8,9 euros, soit 37% de bonus injustifié.
2°- La valeur réelle de l’action d’Areva est en réalité… de 0 euro, l’entreprise étant plombée par la gestion Lauvergeon, en particulier le désastre de l’EPR finlandais et l’affaire de corruption Uramin. C’est ainsi que l’action d’Areva, qui a culminé à 82 euros, est aujourd’hui tombée à moins de 9 euros (ce qui fait 90% de pertes !) et baisse tous les jours : elle ne mettra plus très longtemps à atteindre sa vraie valeur, le zéro absolu.
Alors que l’État est lui-même en situation financière plus que délicate, on se demande bien pourquoi le gouvernement, qui ne cesse de prendre des mesures anti-sociales sous prétexte de « rétablir les comptes publics », a jugé utile de faire l’acquisition à grands frais d’actions Areva de valeur nulle, et de se délester de 334 millions d’euros au profit du CEA. Certes, le CEA est lui-même un établissement public appartenant à l’État, mais ces 334 millions vont immédiatement être engloutis dans les activités inutiles et contaminantes du CEA, et sont donc définitivement perdus pour les finances publiques.
Cette manœuvre plus que curieuse relève probablement d’une forme de « corruption légale » : même s’il n’y a pas de valises de billets échangées sous la table, il s’agit du détournement et de la disparition d’une forte somme d’argent public.
Il est à noter que la multinationale Areva est une nouvelle fois au cœur d’une affaire trouble : outre celles déjà citées, on ne peut que rappeler l’affaire de l’avion offert par Areva au président du Niger (**), lui-même un ancien cadre d’Areva ».
(*) http://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2014/12/11/FCPT1428890A/jo/texte
(**) http://observ.nucleaire.free.fr/aveu-terrase-avion-areva.htm
Vous pouvez écrire au ministre Macron en utilisant le lien ci-dessous :
http://www.economie.gouv.fr/courrier/4221
Stéphane Lhomme, directeur de l’Observatoire du nucléaire.
http://www.observatoire-du-nucleaire.org
Le blog du journal Le Monde révèle :
« Le travail dissimulé à l’EPR de Flamanville : Bouygues devant le tribunal.
Le procès en correctionnelle de plusieurs entreprises, dont le géant du BTP Bouygues Travaux publics (TP), dans un dossier concernant 460 ouvriers étrangers non déclarés sur le chantier du réacteur EPR entre juin 2008 et octobre 2012, s’est ouvert mardi 10 mars à Cherbourg. L’affaire, qui devrait rester devant le tribunal pendant trois à quatre jours, pose notamment le problème des « travailleurs détachés » dans l’Union européenne. Il est reproché au géant du BTP, à sa filiale Quille et à la société française Welbond armatures, d’avoir eu recours aux services d’entreprises, Atlanco et Elco, qui employaient sans les déclarer en France des salariés polonais et roumains, selon l’accusation ».
En savoir plus sur : http://bit.ly/1apX8VX
Sources : Le Monde.fr avec AFP et Reuters le 10/03/2015.
Propos recueillis par Emmanuel GAIGNAULT
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