Feuilleton : le retour de la Voie verte Épisode 10, saison 2 : Les élus déraillent

Le Lot en Action de février (n°97), par Bill, mis en ligne le 9 février 2016

Nous publions ci-dessous l'article paru dans le numéro du LEA, en kiosques actuellement, ainsi qu'un avis opposé, publié ce jour sur la page facebook du journal. À chacun de se faire une opinion... NDLR : nous ajoutons également le communiqué du collectif d'associations pour la réouverture de la ligne.

Voie verte cahors cahors capdenacDepuis que l’idée ubuesque de déferrer l’ancienne voie Cahors-Capdenac a germé dans la tête de nos crânes d’œuf locaux, des oppositions diverses essaient de faire entendre raison et prônent la réouverture de la ligne. Les arguments de l’opposition sont pertinents : pour répondre aux sempiternelles arguties économiques, des études démontrent qu’un trafic potentiel de 2 000 voyageurs/jour existe, ainsi qu’un tonnage de fret significatif, ce qui rendrait cette ligne rentable. Quoique dans le rapport d’audit tout n’aille pas dans le sens d’une réouverture, loin s’en faut, il n’en ressort pas moins que la réactivation de la ligne serait préférable à sa transformation en Voie verte et surtout, une voie ferrée serait moins polluante qu’un trafic routier. Alors que la COP21 s’est achevée depuis peu, on comprend mal cet acharnement illogique qui privilégie les transports routiers sur des routes peu sûres et dont l’entretien n’est possible qu’à grands frais.

L’étude conclut à un trafic routier en baisse très significative si la voie est réactivée. Tout le monde le sait, le trafic routier produit une émission de CO2 considérablement plus importante que le trafic ferroviaire. Mais l’incohérence vient de haut puisque le Macron est pour le «tout camion» alors que Fabius présidait la COP21, dont on connaît les recommandations sur la baisse nécessaire de CO2.

Mais alors, pourquoi une partie de nos grands élus s’obstine-t-elle à promouvoir la Voie verte ? Cette belle appellation écologique « Voie verte » sonne bien et cache les intérêts très personnels de Don Miquel, le seigneur de Saint-Cirq-Lapopie. Dans ses délires mégalomaniaques, il semble se contreficher totalement des véritables intérêts supérieurs du département, hypnotisé qu’il est par sa propre stature ! Le Lot dispose déjà d’un nombre considérable de chemins campagnards et si Voie verte touristique il faut, des tracés alternatifs existent. Moins onéreux à mettre en œuvre parce que beaucoup plus cohérents. Des associations tentent aujourd’hui de faire avaliser ces projets alternatifs. Mais la garde rapprochée de Don Miquel, comprenant que l’opposition s’organise, fait feu de tout bois pour la discréditer, avec cette bonne foi qui lui est coutumière. Par exemple, le conseil du Grand Cahors, qui n’a aucune compétence en la matière, a voté à une écrasante majorité une délibération de principe en faveur du projet Voie verte. Pendant les débats, Monsieur Munte a brandi un rapport qui sortait de sa poche en annonçant qu’il s’y trouvait des chiffres dont l’énormité a laissé son auditoire pantois (Monsieur Munte doit être un fan de Monsieur Colin Powell et de sa poudre de perlimpinpin onusienne).
 

Quant à notre grand oui-oui local, Monsieur Vayssouze, maire de Cahors, il a déclaré tout à trac que tous les élus présents connaissaient les tenants et les aboutissants du dossier et avaient diligenté des réunions d’information dans leurs communes respectives. (Si d’aventure l’un de nos lecteurs y a assisté, qu’il veuille bien nous en faire le compte-rendu). Comme disait l’autre « plus le mensonge est gros, plus il passe ».

Voie verte cahors 2L’avis des élus locaux, quoiqu’on veuille en dire, est loin d’être unanime. Certains, en privé, nous ont fait part de leurs doutes sur la pertinence d’une telle « gabegie » (ce sont leurs propres termes). Depuis 1980, date de sa fermeture, cette ligne est la patate chaude que se refilent RFF (Réseau Ferré de France) et le Département. En effet la SNCF, avec ses 52 milliards d’endettement, doit rembourser 1.5 milliard d’intérêts par an, soit la somme nécessaire pour faire rouler les trains. Elle fait tout pour réduire les coûts, comme par exemple donner la gestion des lignes d’intérêt local aux collectivités. Pour les appâter à l’époque, la SNCF a payé le Département pendant 7 ans à partir d’un calcul savant qui prenait en compte ses pertes potentielles si elle faisait rouler les trains. En doux techno-langage, ce type d’opération yoyo est appelée une « économie de la charge d’exploitation ». Aujourd’hui, la manne est tarie, et c’est au Département, aux contribuables donc, de se dépatouiller et visiblement, dans les hautes sphères, la Voie verte ne provoque pas d’enthousiasme. Le seul entretien des ouvrages d’art (tunnels surtout et autres ponts), sans parler de la voie elle-même, coûterait un bras au Département qui n’a plus les moyens.

Mais pour complaire à leur parrain Don Miquel, les élus du Grand Cahors essaient de faire pression (leurs propres termes) sur l’Assemblée départementale, quitte à employer des moyens plus que douteux comme par exemple la création d’un pseudo-comité pro-Voie verte composé à majorité d’élus. Les résultats seraient-ils les mêmes si une véritable démocratie était appliquée et si les votes au conseil communautaire se déroulaient à bulletin secret ? On peut en douter.

Une réunion devrait se tenir courant janvier entre les différents opposants et Madame la Préfète, Catherine la malicieuse. Espérons que la représentante de l’État, dont on dit qu’elle a la tête bien faite, comprendra où sont les véritables intérêts du département. En attendant, il ne faut pas que la mobilisation se relâche, bien au contraire, il faudrait qu’elle s’amplifie.

 

Communiqué du collectif d'associations pour la réouverture de la ligne du 10 février

Le projet du Département du Lot de réaliser une voie dite "verte" en lieu et place de la voie ferrée Cahors-Capdenac semble vouloir s'imposer arbitrairement, sans tenir compte ni de l'avis des populations riveraines ni des attentes de l'ensemble de la société civile du Lot. Son tracé apparaît extrêmement coûteux et surabondant compte tenu de la qualité et de l'importance du réseau de chemins déjà existant. Il implique le démantèlement irréversible de la ligne ferroviaire.
Au-delà des gesticulations et propagandes du moment, ce projet interroge le développement de notre territoire et l'avenir que nous lui construisons. Par la réalisation d'un axe transversal via la voie ferrée Cahors-Capdenac avec son étoile ferroviaire à quatre directions toujours en activité, et via une voie verte Soturac-Cahors, notre département sera susceptible de relier l'Aveyron et le Lot et Garonne en favorisant une mobilité multimodale et complémentaire, entre route, rail et itinéraires de randonnée alternatifs au plus grand bénéfice de tous : voyageurs, randonneurs, touristes et entreprises.
Au lieu de cela, le Grand Figeac souhaite un train touristique, le Grand Cahors une voie-verte. Ces projets divergents traduisent un manque de vision globale du développement de la vallée.

Aussi, souhaitant la préservation de la voie ferrée Cahors-Capdenac qu'elles considèrent d'Intérêt Général pour le département ainsi que pour les générations présentes et futures, nos associations citoyennes ont décidé de se regrouper afin de se donner les moyens d'obtenir un débat public ainsi que la transparence sur les études et documents inhérents au projet.
Pour cela, nous nous réservons la possibilité de saisir les instances de médiation compétentes prévues par le législateur. Ainsi, face aux silences des responsables locaux, une demande de restitution de la dernière étude du Conseil Départemental sur la faisabilité d’un train touristique a d'ores et déjà été adressée à la Commission d'Accès aux Documents Administratifs.
Dans l'attente, nous demandons le gel de ce projet et un moratoire sur toute décision susceptible d’engager de façon irréversible l’intégrité et l’avenir de la ligne ferroviaire Cahors-Capdenac. Nous demandons que les élu-e-s départementaux nous reçoivent en concertation avec des représentants de l’État.
Nous invitons les citoyens et les associations qui se sentent concernés à nous rejoindre afin de promouvoir un choix partagé, au service de l'intérêt de tous et non d'intérêts privés ou partisans.

Les Associations signataires :
@ssociation Citoyenne l'Humain D'abord – QUERCYRAIL - Groupement Associatif de Défense de
l'Environnement du Lot - Association de Préfiguration du train touristique Cahors-Capdenac–
Association pour la Réouverture de la Ligne Ferroviaire Cahors-Capdenac-Figeac.

 

Le débat s'engage dans ces colonnes

Réponse de Christian Villien

Vous serez pas nombreux à le lire mais tant pis :
Voie verte cahors quercyrailEn abordant la page 3 du journal LEA, l'article " le retour de la voie verte, épisode 10, saison 2, les élus déraillent", j'ai voulu en savoir plus, tant les convaincus de la dite voie verte et des intransigeants de la voie ferrée s'affrontent avec des qualificatifs qui ne font pas avancer le débat. J'ai donc repris un par un les arguments d'opposition à la voie verte espérant ré-orienter mon avis, si souvent en accord avec vos articles.

1/ l'argument économique
2000 voyageurs/jour existent. D'où est sorti ce chiffre ? C'est l'étude, demandée par le comité d'établissement SNCF de la région de Toulouse en 2013, qui a mis en avant la possibilité technique de réouverture de la ligne ferroviaire Cahors-Capdenac au service voyageurs et marchandises. Selon cette étude, le potentiel fret lié au trafic local est estimé à 650 000 T/an soit l'équivalent de 21 600 camions en moins dans le secteur. De même, elle a estimé le trafic voyageur à 2 000 voyages quotidiens (20 000 touristes pendant la saison estivale). Les besoins de financement de cette réouverture seraient estimés à 30 millions d'euros dans un premier temps (le déferrement et sa transformation en voie verte évalués à 20/25 millions d'euros).
Mon opinion vacille, et si cette étude disait vraie.
Malheureusement la réponse du ministère chargé des transports a mis à mal la théorie :
"La ligne Capdenac - Cahors est une liaison ferroviaire de 68 kilomètres de long ne recevant plus de trafic voyageurs depuis 1980 et de trafic fret depuis 1990. Par la suite, elle a fait l'objet d'une exploitation par un train touristique jusqu'en 2003, date à laquelle cette activité a complètement cessé faute de pouvoir trouver un équilibre économique satisfaisant. Concernant les perspectives pour le fret, aucune entreprise n'étant située le long de la ligne, elle ne pourrait servir que pour du fret de transit alors même qu'il est possible de faire passer ce type de circulations par Brive en empruntant des lignes de meilleure qualité. C'est d'ailleurs ce qui avait été relevé par l'étude de RFF préalable au dossier de fermeture, dossier sur lequel le Conseil régional avait délibéré favorablement en 2010. L'étude évoquée, basée sur une vision optimiste des prévisions de trafic et des coûts de réouverture, semble elle-même faire apparaître un contexte plutôt défavorable à la reprise d'une exploitation ferroviaire à court terme. En effet, la reprise de trafic voyageurs sur cette ligne implique non seulement la nécessaire réalisation de travaux d'infrastructure mais aussi la prise en charge des coûts d'exploitation afférents à la mise en œuvre de nouveaux services sur cette ligne. En tout état de cause, la décision relève de la région Midi-Pyrénées à qui il appartient en tant qu'autorité organisatrice des services ferroviaires régionaux de voyageurs de décider des services qu'elle souhaite voir mis en œuvre et d'en supporter les conséquences financières"
lien : http://www.senat.fr/questions/base/2013/qSEQ130204407.html
Au vu des finances, il ne semble pas trés opportun que la Région, même si elle s'est agrandie d'un nouveau territoire, soit en mesure de supporter des charges de ce type.

2/ l'argument écologique
Habitué de la route Cahors-Cajarc que j'ai effectué maintes fois, en vélo, en stop, en voiture, je n'ai pas eu besoin d'étude ni de statistiques pour m'apercevoir que les embouteillages y sont fort rares et les camions fort discrets. Il faut admettre cependant qu'en juillet-août la route est plutôt encombrée de voitures étrangères et de touristes, de camping car.
La possibilité ferroviaire n'éviterait d'ailleurs pas celà mais pourrait inciter en effet une voie touristique intèressante. Mais sur les 68 km, preuve en a été faite avec l'association Quercy-Rail en son temps, que point de salut si la subvention est absente.
Revenons en à l'argument écologique de la facture carbone. on pourrait calculer, sans étude préalable qu'il vaut mieux 2 passagers dans une voiture que 2 dans un autorail marchant également au diesel. Les partisans cheminots n'ont pas été jusqu'à vouloir électrifier la ligne, et si l'on met en place par exemple un autorail type X73500, il faudrait pour des raisons techniques de déshuntage les faire voyager par 2, alors que la puissance d'une rame est de 350 chevaux.
Je ne parlerai pas non plus des pesticides et défoliants déversés pour préserver la propreté des voies, et que l'on retrouvera quelques mois plus tard dans notre rivière Lot.
Alors, on le fait le calcul de la facture carbone ?
N'oublions pas non plus qu'une parte de la voie verte existe dans l'agglomération cadurcienne du centre ville à Bégoux. Selon l’étude High Shift Scenario, récemment relayée par l’ECF,
indique qu’un changement global significatif (de 7 à 23%) de la part modale du vélo et du VAE en milieu urbain permettrait de diminuer de 10% la consommation d’énergie et d’émissions de
CO ² des transports urbains d’ici à 2050. Ce changement représenterait 25 000 milliards de dollars d’économies cumulées sur 35 ans au niveau planétaire et 300 mégatonnes d’émissions de CO ² évitées.

Voie verte cahors 13/ Le Lot dispose déjà d'un grand nombre de chemins qu'il faudrait dans un schéma de cohérence associer pour une telle entreprise de voie verte.
Imparable, cet argument fait mouche.
Les seuls problèmes dont je peux témoigner en tant que VTTiste de longue haleine, et TRAIListe, sont que ces tracés, bien que magnifiques, exigent une forme et un entraînement de trés bon niveau. Gageons que la clientèle touristique dans sa grande majorité fuiera ces parcours et leurs dénivelès trop exigeants.

4/ Les délires mégalo-maniaques de nos politiques
On peut faire des procés à l'ancien président du Conseil Général mais celui-là n'est pas crédible. Il est devenu maire de Saint Cirq Lapopie bien, bien aprés ce projet de voie verte que j'ai vu apparaître pour la première fois dans le programme électoral de JM Vayssouze pour son premier mandat.
D'autre part parler de garde rapprochée de Gérard Miquel quand on parle de Serge Munté, de Jean-Marc Vayssouze, c'est bien méconnaître les turpitudes politiques depuis l'élection du président du Conseil Départemental.

5/ Pour rappel les chiffres énormes de Serge Munte... relevés dans la presse.
"faire cohabiter une ligne de chemin de fer et une voie verte, c’est impossible. La réglementation impose des distances de sécurité. Là il n’y aura pas d’obstacles, le parcours étant dédié à toute activité non motorisée. Dans le Lot, ce site est une chance pour le tourisme vert. Selon l’étude Inddigo commandée par nos soins, 110 000 personnes supplémentaires par an feront le déplacement pour la voie verte, sachant que celle-ci rapporterait 2 100 000 euros par an. Avec des travaux allant de 14 à 25 millions d’euros TTC selon les options."
Ces chiffres ne sont pas donc ceux de Serge Munté mais de la société Inddigo. A ce niveau je n'ai aucun argument pour valider ou invalider cette étude. Dans un souci de trasparance il serait interessant de les rendre publiques. Il est cependant à noter que dans le département de la Drôme (voir le site ladrometourisme.com), il y eut une forte demande touristique cycliste étrangère ce type de ballade peu exigeante physiquement mais pouvant à travers un circuit durer plusieurs jours jusqu'à quelques semaines.

6/ En conclusion
Je suis aussi un nostalgique de ce petit train dont j'ai été le passager (parfois d'ailleurs seul en compagnie de son machiniste et de son contrôleur dans les années 70) et qui fut aticiellement déjà maintenu en vie notamment en 1966 par Pompidou alors résident intermittent Cajarcois.
Une décision est nécessaire, il y a peut-être d'autres arguments pour le maintien des trains dans un projet économique viable. Je ne les ai pas trouver sur le jouranl "Le Lot en Action". En attendant je vois se profiler à l'horizon le morcellement possible de la voie pour la vente à des particuliers qui voudront étendre leur potager.
Pour mes contradicteurs à venir qui vont m'étiquetter "garde rapproché" de Gérard Miquel et Jean Marc Vayssouze puisque défenseur de la proposition voie verte avec, en outre, mon passé trés douteux de conseiller municipal cadurcien affilié PS,ce dont je suis prêt à en répondre devant un tribunal populaire.
C'est porté par une certaine logique et objectivité que vous n'avez pas vu mon nom (que vous ne connaissiez d'ailleurs pas) inscrit pour la 2éme campagne à la Mairie de Cahors avec le maire sortant, rejetant sans nuance, les projets de caméras de surveillance et de cinéma multiplexe qui étaient les deux principaux projets de la présente mandature cadourque. Mais c'est avec cette même logique et indépendance que je ne soutiens pas les arguments mis en avant sur le LEA en ce mois de Février 2016.

 

Réponse d'Isabelle Eymes (Conseillère municipale d'opposition à Cahors)

 

Dans un débat contradictoire, l'argumentaire est important, la question du sens est primordiale. Sens inverse, sens unique, contre-sens... comment orienter la décision si l'on ne se la pose pas ? Nous avons, nous, les "intransigeants" une boussole : celle de considérer l'aménagement du territoire dans sa complexité et dans le respect des habitants et du patrimoine.

Alors peut être que les "convaincus" de la VV ont la même. Admettons. C'est là que s'imposent les mots Politique, Projet de société, Ruralité, Solidarité, Intérêt général ... et le sens qu'on veut bien leur donner. Et si une décision devient nécessaire c'est pour mieux nous éclairer sur les intentions réelles des élu-e-s car ils engagent par ce projet l'avenir des populations qui vivent sur ce territoire, ici, maintenant et de manière définitive.

Vouloir une «Voie verte» en lieu et place de la voie ferrée est lourd de conséquences : cela inscrit la haute vallée du Lot et ses habitants dans le tout routier sans espoir de retour. C'est donc bien ce caractère d'irréversibilité qui doit nous contraindre à la rigueur la plus absolue dans les argumentaires et les analyses à développer.

Commençons donc par rétablir quelques vérités sur votre argumentaire :

Le morcellement de la voie par une vente à la découpe à des particuliers : pas de danger à ce niveau. La vente par lots est rendue impossible à SNCF Réseau (Ex. RFF) par la motion adoptée avec le décret de fermeture à la demande du Conseil Régional (Extrait Étude Transversales). Il ne peut s'agir que d'un transfert de la gestion et de l'entretien à un tiers (Contrat de transfert de gestion). Cet argument, agité comme un chiffon rouge pour précipiter le changement d'affectation de la voie ferrée en voie verte, est tout simplement faux.

Le danger de pollution lié aux pesticides et défoliants qui risqueraient d'être déversés pour préserver la propreté des voies si la ligne était remise en fonction : soyons sérieux ! L'utilisation de désherbant par la SNCF est strictement réglementée et rigoureuse. Elle respecte (c'est bien la moindre des choses) toutes les réglementations en vigueur, dont celles des lois sur l'eau. Les débroussaillages manuels et mécaniques sont la règle et représentent l'essentiel dans la maîtrise de la végétation. Lorsque les lignes sont rénovées, des géotextiles sous voie sont utilisés afin d’éviter le développement de la végétation et éviter ainsi toute utilisation de produit chimique.

Les problèmes techniques liés à la nature des autorails et au risque de « déshuntage » : mauvais exemple ! Les "X73500" ne posent aucun souci sur ce type de ligne à signalisation manuelle, sans circuits de voie. Mais il y a bien d’autres choix possibles en matière de matériel utilisable : un bi mode ou un type TrainTram serait effectivement plus intéressant sur ce type de ligne afin d’assurer la continuité vers la ligne POLT (TrainTram Alstom).

Le manque de perspectives pour le trafic fret : la ligne dispose d'un atout majeur qu'il faut prendre en compte si l'on veut être objectif : son profil topographique plat très favorable aux trains lourds ce qui n'est pas le cas des autres lignes. D'autre part le potentiel local existe bien. Rien que pour les produits de carrière il est estimé à 100000 T/an sur un potentiel total de 250 000 T. (voir extrait étude Transversales ci-dessus). Par ailleurs, le trafic n’est pas aussi simple pour le Fret par la ligne POLT, et des itinéraires Bis seraient les bienvenus (travaux importants de maintenance en cours et pour plusieurs années, principalement entre Brive et Toulouse).

 

Relevons ensuite quelques incohérences ou omissions dans votre discours :

Vous mettez en doute les chiffres du rapport Indiggo de 2013 concernant le potentiel ferroviaire de la ligne mais vous n'hésitez pas à vous appuyer sur ce même rapport pour y trouver les "milliers d'utilisateurs de l'aménagement en VV"... pas très honnête !

Il ne vous semble « pas très opportun que la région (…) soit en mesure de supporter des charges de ce type » (reprise transport voyageur). C'est oublier que SNCF Réseau finance pour moitié les travaux de remise à niveau de l'infrastructure ( Plan-rail MP ) des TER. Mais dans l'hypothèse d'une voie verte les coûts seront supportés par le contribuable Lotois. Vu l'état des finances de nos collectivités...opportun ou pas ? et pour quelles retombées économiques locales ?

En espérant qu'il reste quelque chose de la COP21, oui, on peut tenter le bilan de la facture carbone en l'abordant sous l'angle "Développement Durable" par le triptyque : Social- Économie - Environnement. Ainsi, si on compare la consommation d'un autorail de 350 CV à celle d'une voiture, on arrivera toujours à démontrer que le mode de transport le plus écologique et économique reste le vélo ! Par contre, compte tenu de la moyenne d'âge vieillissante de la population locale, le vélo est-il à votre avis le seul moyen de déplacement à envisager dans les années à venir ?

Vous comparez train et voiture, mais quid du bus qui circule parfois à vide sur ce parcours? (heureusement le cas le jour de l’accident récent). Inadapté et dangereux sur ce type de route, sa facture carbone n'est pas très glorieuse et pourtant vous n'interrogez ni sa consommation, ni la puissance de son moteur, ni la question de la sécurité des usagers de la route, ni la question du coût d'entretien de nos infrastructures routières : 44 M€ (Budget Conseil Départemental du Lot). Le transport routier ne coûte-t-il pas aux Lotois ?

Malheureusement la réponse du ministère chargé des transports met à mal votre théorie ... mais il est sûr que lorsque l'on veut tuer son chien on l'accuse de la rage. Ainsi, que peut donc dire d'autre un ministère des transports qui, associé à la direction SNCF, a supprimé 26000 emplois de cheminots en 10 ans, fermé de nombreuses gares, supprimé des milliers de kilomètres de lignes et dégradé au quotidien le service public ferroviaire pour tous les usagers ? Et que dire de la politique menée par SNCF Réseau, encore propriétaire de l'infrastructure, qui, par manque d'investissement et d'entretien conduit à la dégradation progressive puis aux fermetures de nombreuses lignes (Mediapart SNCF). Quelle égalité territoriale ?

Vous avancez qu'une voie verte entre l'agglomération cadurcienne et le centre-ville de Bégoux favoriserait la part modale du vélo et du VAE ainsi que la diminution d’émissions de CO ²... certes. Mais que représente cette option face aux 40000 véhicules jour entrant dans notre agglo dont 14800 véhicules/jour arrivant depuis les routes de Figeac et d’Arcambal ? Ne pensez-vous pas qu'une liaison ferroviaire entre Cahors et Saint Géry dans laquelle le vélo aurait toute sa place, outre l'intérêt de désengorger la ville, ne diminuerait pas largement davantage les pollutions engendrées par la voiture ? (Périurbain Cahors-Mag N°52) .

 

En conclusion, s'il y a une chose que nous abordons mais que vous ne traitez pas: c'est la finalité du projet lui-même.

A travers la réouverture de la voie ferrée nous défendons la multi modalité (rail compris) comme un atout précieux pour le développement économique et social de la vallée du Lot. Nous défendons une ruralité vivante et solidaire qui favorise les liens entre les bassins d'emploi et la mobilité pour tous. Nous nous soucions de la qualité de l'air et de l'environnement. Nous défendons la diversité et la richesse de notre patrimoine par la promotion de son authenticité, celle que le touriste vient chercher dans le Lot. C'est cela la modernité. Et parce que c'est le Lot, cela est compatible avec des itinéraires de randonnée de qualité en dehors de la voie ferrée.

Mais vous, que défendez-vous ? Pourquoi vouloir faire une voie verte en lieu et place de la voie ferrée ? Cela nous ne l'avons pas trouvé dans votre écrit, qui d'ailleurs vous en conviendrez, se cantonne presque exclusivement à jeter le discrédit sur la voie ferrée sans amener d'éléments en faveur de la voie verte mise à part « les balades peu exigeantes physiquement ». Frustrant. Dites nous au nom de quoi nous devrions être les seuls à devoir faire la démonstration du bien fondé de notre opinion ? Où sont vos arguments ?

Enfin, compte tenu de votre « connaissance du microcosme » politique Lotois, comment pourriez vous ignorer l'existence du dernier rapport commandé par le Conseil Départemental (non rendu public) : « Étude de faisabilité pour la mise en place d'un train touristique entre Tour de Faure et Cajarc »? Rapport qui donne un sens totalement différent de celui d'un projet touristique de voie verte en ce qu'il l'annule pour le remplacer par une Vélo-route … déjà existante ! ( Site Conseil Départemental du Lot ). Étonnant non ?
 

Sachez M.Villien que nous vous avons lu avec le plus grand intérêt.et sans préjugés. Nous persistons à demander un débat public contradictoire sur ce projet avant toute décision pouvant nuire à l’intégrité de la ligne ferroviaire . Et l'on voit bien, à la lumière des enjeux, que c'est un exercice démocratique nécessaire. Sans doute nous rejoignons-nous sur ce point , sinon vous n'auriez pas écrit ce courrier et nous ne vous aurions pas répondu.

Un grand merci au LEA d'avoir permis cet échange.

 

 

 

 

Commentaires (1)

1. Villien 09/03/2016

Merci Isabelle Eymes pour la réplique contradictoire à ma tirade exécutée à la va vite je l'avoue et laisse quelques points sur le côté ....de la voie verte.
L'argument de malhonnêteté dont vous m'affublez n'est néanmoins pas ... très honnête, les 2 études étant bien distinctes et sans aucun rapport.
Nos points de vue seront difficilement conciliables sur ce sujet précisément. Avant de mettre en avant le sacré-saint référendum, posons tout les arguments sans arrière pensée politique et surtout, voyons comment cela s'est passé ailleurs, la transition d'une ancienne voie ferrée à une voie verte...c'est très éclairant.

Ajouter un commentaire
Code incorrect ! Essayez à nouveau

Le Lot en Action, 24 avenue Louis Mazet, 46 500 Gramat. Tél.: 05 65 34 47 16 / [email protected]