Article publié dans Le Lot en Action de septembre (n°103), par Emanuel Duquoc, mis en ligne le 18 septembre 2016
Avec sa crinière longue et brillante, Ophélie fait forte impression quand elle dit qu’elle ne se lave plus les cheveux depuis des années ! Pendant deux ans, j’ai suivi les conseils qu’elle donne généreusement sur son blog, Antigone XXI. J’ai mené mes propres expériences, tâtonné, testé diverses approches... Et comme la jeune et jolie blogueuse, j’ai abandonné les shampoings. Ma tignasse s’est rarement portée aussi bien !
Elle semble parfaitement civilisée. Elle n’a renoncé ni à la propreté, ni à la beauté. Elle arbore même une bien jolie crinière ! Pourtant elle a abandonné l’un des ingrédients apparemment incontournables de l’hygiène capillaire : le shampoing ! Antigone XXI alias Ophélie, une blogueuse française adepte du minimalisme, a suscité par le récit de son expérience une franche curiosité : une avalanche de lettres, des demandes de conseils, des articles dans divers magazines à grande diffusion et la une de Féminin Bio… Était-elle la première à franchir le pas ? Certes non. La contestation des shampoings avait déjà pris corps à la fin du XXème siècle aux États-Unis. Mais le cas d’Ophélie semble avoir fait école en terres francophones, à en juger par la floraison de blogs, vidéos et même un groupe privé sur le réseau Facebook, dans lesquels des internautes échangent aujourd’hui leur expérience de la « cure de sébum » (un mois sans lavage des cheveux), du « no-poo » (l’entretien des cheveux sans shampoing), ou carrément du « water only » (nettoyage à l’eau seulement)… À écouter tous ces anonymes (pour la plupart, des jeunes femmes) l’abandon du shampoing serait une libération. Fini les achats compulsifs de soins traitants et autres conditionneurs. Adieu cheveux ternes, fourches et démangeaisons. Place à des cheveux vivants, naturellement brillants, agréables au toucher et dans lesquels le peigne peut enfin passer sans après-shampoing.
Quant à moi, plutôt que de relater cette possibilité de l’extérieur, j’ai préféré tenter l’expérience. Il y a environ deux ans, attiré par la double promesse d’embellir ma tignasse et de prendre part à la dépollution du monde, je me suis progressivement approprié les conseils d’Ophélie. Aujourd’hui, fort de 28 mois de tests, je confirme les propos de la charmante blogueuse :
- les shampoings ne sont pas indispensables,
- arrêter les shampoings est compatible avec la vie sociale,
- les cheveux se portent mieux sans shampoing.
À condition, bien sûr, de bien les traiter ! Une crinière qui ne connaît pas la mousse demande un entretien quotidien. Un changement culturel dont je me propose de vous donner les étapes :
Notre scalp, en réaction aux lavages fréquents, est accoutumé à sur-sécréter du sébum. L’éliminer provoque une réaction de racines grasses et pointes sèches lié au fait que cette huile protectrice n’a pas le temps de se répartir le long de la fibre entre deux shampoings. Conséquence : les cheveux longs deviennent dépendants aux conditionneurs. Le conseil d’Ophélie : espacer les shampoings jusqu’à atteindre un minimum d’une semaine entre deux lavages. Progressivement, le cuir chevelu sécrète en effet moins de sébum et les cheveux redeviennent de moins en moins rapidement gras après les lavages. Ensuite et seulement ensuite, on peut passer à l’étape 3 : le « no-poo » ou lavage sans shampoing. Patience !
Étape 2 : l’entretien quotidien
À l’aide d’une brosse (à poils de sangliers ou synthétique) ou d’un peigne, de préférence en bois ou en corne, Ophélie invite le candidat au minimalisme capillaire à effectuer un ou deux brossages quotidiens, tête penchée en avant. Le but : éliminer les cheveux morts et répartir le sébum le long de la tige capillaire pour mettre fin progressivement à l’effet racines grasses (pointes sèches). Pour ma part, je n’hésite pas à me grattouiller voluptueusement (et pas frénétiquement !) le scalp avec mon peigne en bois. Rien de plus détendant, le soir avant le coucher. Cette pratique est connue dans le « do in » (les auto-massages chinois) pour stimuler les méridiens énergétiques qui parcourent le crâne. Le conseil d’Ophélie : laver la brosse tous les jours en enlevant les cheveux au peigne et en frottant à l’eau additionnée de bicarbonate de soude. Personnellement j’utilise une brosse à ongle pour nettoyer mon peigne ou ma brosse et je recycle jusqu’à la fin le reste de mon shampoing au sodium laureth sulfate... Bien sûr, les personnes aux cheveux ultra-courts peuvent sauter cette étape. Et si les cheveux sont bouclés, Ophélie conseille de les démêler avec un peigne en bois et éventuellement de les mouiller ensuite pour reformer les boucles.
Étape 3 : le nettoyage sans shampoing
Une fois atteint le minimum des sept jours entre deux lavages, plusieurs alternatives existent avant de parvenir au « water only », couronnement du minimalisme capillaire. La plus utilisée par la communauté « no-poo » est aussi la moins chère : 2 c. à s. de bicarbonate de soude alimentaire extra-fin (il doit se diluer facilement) ou 1 c à s pour les cheveux courts, 2 c. à s. de vinaigre de cidre ou du jus de citron, de l’eau ! En option : une ou deux gouttes d’huile essentielle d’ylang-ylang, de lavande, de menthe…
La méthode est très simple. Mélangez le bicarbonate de soude dans un peu d’eau dans un bol. Mouillez-vous les cheveux. Répartissez soigneusement la pâte de bicarbonate sur les racines sans oublier aucune zone. Massez sans insister sur les longueurs. Rincez abondamment. Complétez le rinçage sur les racines avec le vinaigre éventuellement additionné d’une ou deux gouttes d’huile essentielle et dilué dans un ou deux verres d’eau… L’odeur du vinaigre disparaît rapidement. Séchez non plus au sèche-cheveu mais à l’aide d’une serviette.
Le mois prochain, vous découvrirez l’étape ultime de la libération du shampoing ! Ainsi que des conseils pour faire face aux éventuelles embûches sur votre parcours vers le minimalisme capillaire.
Notes
Initialement, cette rubrique qui rassemble conseils et témoignages de personnes entretenant leur corps de manière naturelle a été publiée, sous le titre Naturo-Pratique, dans un magazine de santé globale belge : Néo-Santé. Or, au fil des mois, j’ai réalisé que toutes ces propositions avaient un point commun : elles mettaient fin à un achat inutile, basé sur un faux besoin.
Les lecteurs de Néo-Santé ont ainsi appris comment cesser d’acheter des désodorisants, des déodorants, des gels-douche, des shampoings, des crèmes hydratantes, des crèmes solaires, des lunettes de soleil, de la lessive, des insecticides, des produits de nettoyage industriels, des désinfectants et même des sous-vêtements et des serviettes hygiéniques !
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