Source : Le Lot en Action n°90 (juin 2015), mis en ligne le 22 juin 2015
Rencontre avec Léa Garcia (Cie Îlot Z’), qui a créé et anime chaque mois « Place Publique », rue Louise Michel à Cahors. Des moments forts de réappropriation libre de la parole et de l’espace public.
Qu’est ce que c’est Place Publique ?
Léa : C’est un geste fort de Liberté dans la rue.
Ce qui est public « concerne le peuple dans son ensemble » et ce qui est « accessible ouvert à tous » (Petit Robert). Il ne faut pas oublier que la rue devrait être un lieu vraiment libre. L’ordre social veut réglementer nos comportements, nos déplacements, nos manifestations, nos fêtes. Il faut des autorisations pour tout. Demander une autorisation pour occuper la rue, c’est déjà une atteinte à nos libertés.
Six personnes attroupées : c’est déjà suspect ? Faudra-t-il une autorisation pour faire la révolution ?
L’organisation sociale essaye de nous encadrer dans des limites précises en nous donnant assez de liberté pour que nous acceptions les contraintes des « pouvoirs publics ».
Place Publique se confronte à l’ordre, à l’interdit, au conformisme institutionnel.
La Soupe Populaire préparée collectivement permet d’accueillir, de partager, et de faire ensemble. Ce mot ensemble qui nous fait tant défaut dans nos pratiques. Certains n’osent pas venir, n’osent pas parler, n’osent pas participer. Faire la soupe et la partager, c’est anachronique, intempestif mais aussi subversif par sa gratuité.
La gratuité est inhabituelle dans nos sociétés commerçantes où il s’agit toujours de « produire, vendre, acheter ». La générosité pose la question de l’intérêt. Qu’est-ce donner et recevoir ? Échanger, participer ?
« Place Publique » réunit collectivement des personnes qui se rencontrent et s’expriment en chantant, racontant une histoire, lisant un poème, un extrait de récit ou un coup de gueule personnel. On peut déconner, rire, boire et pleurer (!), partager un verre de vin avec un peu d’humanité. On en a bien besoin tellement l’ignorance, la bêtise, le repli sur soi sont présents partout !
Dire pour la rue ? Pourquoi « Occuper la rue de nos paroles et de nos rêves » ?
Léa :La rue c’est où ? La rue est le croisement possible de nos imaginaires.
Née de l’intensité des manifestations et des occupations, Place Publique cherche ce sentiment du « nombreux dans la rue à rêver en scandant nos textes ». Cet instant là où tout nous semble possible.
Nous pouvons construire avec des démarches collectives, pour une réappropriation libre de la parole et l’espace public. Espace de philosophie populaire/Espace de politique populaire à penser, qu’en est il? Devons nous attendre des politiques de faire notre bonheur? Que nenni, rions des programmes qui prétendent détenir “la vérité, la solution” à nos vies. Ici éducation populaire signifie partage des différences et ouverture à l’autre ! En fait nous avons lancé l’idée d’espace public de réappropriation et non abandon de la rue pour en faire du collectif. La question est : comment on construit-on du collectif et ce qu’on y échange. Quand l’accès à l’écrit marque l’écart des classes sociales et leurs appartenances, la force est dans la parole. Et si la culture dominante est dans l’écrit, alors qu’en est il de la parole ?
Vous avez dit « Utopie » ?
Léa : Penser n’est pas un luxe, ni une utopie. Place Publique fonctionne mensuellement depuis Octobre 2014 au 68 rue Louise Michel LLCC Cahors avec la Compagnie Îlot Z’, dans la rue la soupe est bonne, les paroles exquises, des rencontres surprenantes, des poésies partagées, des chemins impromptus d’étranges étrangers voyageurs !
Place Publique c’est un laboratoire de recherches culturelles et d’éducation populaire, elle peut aussi se déplacer chez vous. Alors pourquoi pas ? Invitez-nous chez vous, nous partagerons « votre Place » !
Prochaine Place Publique le vendredi 12 juin, à 18h30, soirée exceptionnelle « Autogestion »
Film et Place Publique en extérieur (sous réserve du temps) place Louise Michel à Cahors.
Le film « Les chemins d'Acratie » (projeté en présence des réalisateurs Françoise Arnoult et Jacques Pillet) se déroule dans les années 1930, en Aragon. Le mouvement libertaire portait des collectivités agraires pratiquant l'autogestion, l'égalité... qui arrivaient à assurer les besoins des populations et des combattants du front républicain proche, puis à accueillir les réfugiés fuyant l'avancée des fascistes. C'est en suivant Martin Anal Mur, adolescent de 15 ans, jusqu'à son émigration dans le Tarn en 1939 (via les camps) que ce documentaire suit ces idées généreuses d'autogestion qui continuent à cheminer jusqu'à nous, ici et maintenant.... Débat après le film.
Place publique : occupons la rue de nos paroles et de nos rêves, salade populaire, textes, prenez la parole ! Prenez vos salades, et ensemble, nous en formerons une grande ! Rendez-vous au Lieu commun de Cahors (rue Louise Michel), le 12 juin à partir de 18h30.
Contact : Compagnie l’Îlot Z’ Tél : 06 42 53 32 68
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