Coup de gueule de La Cimade du Lot : Une politique d’accueil inacceptable !
Article à paraître dans le numéro de décembre (n°106), communiqué de la Cimade du Lot, mis en ligne le 26 novembre 2016
La recrudescence des expulsions/destructions des campements et squats ces derniers mois est le signe de l’échec patent des politiques d’inhospitalité mises en place par l’État et certains élus locaux à l’encontre des exilés en transit.
L'Union Européenne se transforme en bunker par la construction de murs, le renforcement des frontières et les expulsions. Suite au nombre grandissant de naufrages en Méditerranée, en octobre 2015 elle avait pris l'engagement d'accueillir 160 000 réfugiés, chiffre revu à la baisse à 100 000 depuis. Au 26 octobre 2016, seulement 6 317 personnes ont été relocalisées dans différents pays de l'UE (dont probablement quelques centaines au maximum en France sur un engagement de 25 000 !).
Afin de démanteler Calais et Stalingrad à Paris, des Centres d'Accueil et d'Orientation (CAO) ont été créés dans la précipitation sur l'ensemble du territoire (il y en aurait environ 300). Les pouvoirs publics ont indiqué aux réfugiés (lorsqu'ils sont partis de Calais et Paris) qu'ils les éloignaient dans les CAO pour faire une pause, envisager sérieusement leur avenir et effectuer les démarches administratives.
Ces CAO sont gérés par des associations prestataires, le CEIIS dans le Lot. L’invention de ce énième dispositif d’accueil pour demandeurs d’asiles ne règle en rien la question globale des conditions matérielles d’accueil et le manque de moyen flagrant des opérateurs pour assurer un véritable travail d’accompagnement (ressources et compétences).
Les CAO accueillent environ 10 000 personnes, chiffre à comparer avec celui de 25 000.
Devant les carences de l’État, nombreuses sont les associations et les personnes qui viennent en aide aux exilés : aide humanitaire, information sur les droits, accès aux soins de santé, conseils et accompagnement administratif, apprentissage du français, etc.
La majorité des réfugiés placés en CAO sont sous procédure « Dublin », c'est à dire qu'ils ne peuvent déposer une demande d'asile que dans le pays par lequel ils sont rentrés en Europe et dans lequel ils ont été contrôlés. Cette procédure rallonge coûteusement et inutilement les délais d’examen de la demande et est la cause de nombreux départs de CAO, les exilés craignant de se faire expulser dans des pays qu’ils ont traversés.
Certains résidents du CAO de Figeac sont arrivés au Centre en avril et rien ne leur a encore été proposé alors qu'ils ont manifesté leur désir de rester en France. Pourquoi laisser ces hommes vivre dans une telle incertitude ? Vivre dans cette peur du lendemain ? Comment peuvent-ils envisager un avenir ? Apprendre le français ? S'impliquer dans le tissu social ?
Il est grand temps que la France traite avec humanité ces hommes, ces femmes et enfants qui ont fuit leurs pays en guerre et qu'ils puissent entamer rapidement les démarches administratives dans notre pays. La France pourrait faire jouer sa clause de souveraineté et placer tous les « dublinés » en procédure normale, comme l'a fait le préfet du Tarn-et-Garonne. Dans le Lot on peut craindre leur déplacement vers des HUDA (hébergement d’urgence pour demandeur d’asile) ou autre dispositif temporaire type hôtel, car le ministère ne veut pas d’application Dublin depuis les CAO (en gros on vient pas les chercher dans ces lieux là). Ce qui permettrait la mise en œuvre discrète de la réadmission (dans le pays d'entrée) depuis ces lieux, politique on ne peut plus cynique !
Suite à ce qui se passe dans la vallée de la Roya, nous dénonçons fermement une tentative de criminalisation du soutien aux migrants. Nous apportons notre soutien à Pierre-Alain Mannoni et à tous les citoyens solidaires qui assistent les personnes migrantes dans la vallée de la Roya et ailleurs. Alors que la France et l'Europe laissent mourir les migrants dans la mer Méditerranée par milliers, à Calais ou à la frontière franco-italienne, il est temps que le gouvernement français concentre ses forces dans une politique d'accueil et de solidarité plutôt que de réprimer les initiatives individuelles ou collectives qui pallient à ses défaillances.
La Cimade, Groupe local de Figeac, 12 avenue Fernand Pezet, 46 100 Figeac (permanences de 16h à 19h les 2èmes et 4èmes mercredis de chaque mois.
Tél : 06 81 39 91 99
Mail : [email protected]
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