Le Lot en Action, par Bluboux, mis en ligne le 5 mai 2015
Inaugurés en 1961 pour financer la construction des autoroutes, les péages n'étaient censés être que des dispositions temporaires. C'est avec cette promesse qu'en juillet 1961 était ouverte la première autoroute payante, la future autoroute A8. Lorsque, en 2006, M. Dominique de Villepin décida d’achever la privatisation entamée par M. Laurent Fabius en 2002 (1), les grandes entreprises de travaux publics achetèrent les concessions au prix total de 14,8 milliards d’euros (2). Alors que les concessions doivent durer entre vingt-trois et vingt-sept ans, les dividendes versés par les SCA à leurs actionnaires privés en seulement sept ans (2007-2013) ont représenté 14,9 milliards d’euros (3)… Augmentation des tarifs bien supérieur à celle de l'inflation, dégraissage éhonté des effectifs salariés avec l'automatisation des péages (l’effectif total de l’ensemble des sociétés concessionnaires est passé de 16 709 personnes en 2006 à 13 933 en 2013), ont permis aux société autoroutières, Vinci et Eiffage en tête, d'obtenir des marges nettes comprises entre 20 et 24 %.
Devant la nouvelle augmentation des tarifs annoncés à la fin de l'année dernière, le gouvernement est monté au créneau et Valls annonçait, en décembre, la création début janvier d'un groupe de travail sur les autoroutes, chargé de plancher sur deux scénarios de réforme, à savoir une renégociation des contrats existants ou une résiliation au 1er janvier 2017. Bref notre Catalan à nous, plein de testostérone, bandait ses pectoraux et tapait du point sur la table.
Qu'en est-il quelques mois après ? Le gouvernement annonce avoir négocié durement et obtenu le gel des tarifs pour 2015. Les SCA verseront 500 millions d’euros pour améliorer les infrastructures dans les trois prochaines années et investiront 3,2 milliards d’euros dans le cadre d’un « plan de relance autoroutier », probablement urgent à la veille du sommet mondial de Paris sur le climat…
Mais en y regardant d'un peu plus près, cette annonce ressemble davantage à une capitulation en rase campagne du gouvernement. Non seulement les contrats ne seront pas touchés, mais par dessus le marché, en compensation de leur obole, les sociétés d'autoroute voient leurs concessions prolongées d’au minimum deux ans, reçoivent en cadeau plusieurs tronçons et pourront intégralement répercuter l’augmentation suspendue des tarifs après 2016…
Notes
(1) Lire « De l’autoroute publique aux péages privés », Le Monde diplomatique, juillet 2012. : http://bit.ly/1zKzXCm
(2) Cour des comptes, rapport public annuel 2007.
(3) Autorité de la concurrence, avis n° 14-A-13 du 17 septembre 2014.
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