Source : Le Lot en Action n°79 (février), par Frédéric Édouin, mis en ligne le 22 mars 2014
Oui, j’avoue… je suis adepte de la décroissance… et le pire, c’est que LEA m’ouvre ses pages pour vous faire partager cette déchéance.
Bon, inutile de vous brosser le portrait d’un décroissant, vous savez ce que c’est : marginal, glandeur, cheveux longs et/ou gras, adepte de substances hallucinogènes et vivant dans une yourte insalubre. Bonjour le cliché !
Eh non, désolé de vous décevoir, cela fait 25 ans que je travaille, je suis fonctionnaire (j’entends les mauvaises langues dire que « travail » et « fonctionnaire » sont antinomiques), divorcé, trois (grands) enfants… rien de bien original… Après plusieurs années d’errance professionnelle, je suis arrivé en juin 2012 dans le Lot où j’ai décidé de mettre en pratique cette fameuse décroissance et montrer que ce n'est ni une utopie, ni un concept abstrait irréaliste / irréalisable.
La décroissance, que j'aime aussi appeler la sobriété heureuse (citée par Pierre Rabhi) est une manière de vivre simplement qui privilégie l'être au paraître, qui privilégie l'être à l'avoir, qui privilégie les contacts humains aux contacts virtuels, qui privilégie le partage à l'individualisme, qui privilégie la confiance à la méfiance...
Sur un terrain en bordure de forêt à Saint-Denis-Catus, j’ai commencé fin mars 2013 à construire une cabane de 20 m2 dans laquelle je me suis installé en juillet, soit 3 mois ½ à construire après le travail et le week-end (mais pas tous les soirs ni tous les WE non plus, fô pas exagérer). La conception est assez rustique : ossature bois, isolation intérieure et extérieure, châtaignier du sol au plafond issu d’une scierie locale, tuiles de récup’ et… c’est tout : pas d’eau ni d’électricité.
L’eau : j’ai un robinet sur le terrain pour remplir un jerrican qui me sert pour l’évier / lavabo, l’eau chaude étant assurée par une bouilloire sur le poêle (quand il fonctionne) ou sur le réchaud à gaz.
L’électricité : bah, j’ai tout largué : le frigo c’est la cave (creusée sous la maison), la lumière est fournie par des appliques solaires, le repassage avec des fers en fonte chauffés sur le poêle, pas de télé, pas d’ordi etc. etc.
Et en plus, je suis végétarien (oui, une tare supplémentaire, mais j’en parlerai plus tard).
Allez, j’arrête là, je n’ai droit qu’à 2 500 caractères !
Juste un dernier mot : vous pouvez utilement consulter mon expérience sur : http://vege-decroissance.over-blog.com/ (tapez juste « vege-decroissance » dans un moteur de recherche).
À bientôt peut-être !
Contact : [email protected]
1. 25/03/2014
C'est surtout un message à l'adresse des occidentaux repus que nous sommes pour un véritable partage des ressources.
Le ciné-documentaire « Tous au Larzac ! » qui retrace la lutte durant plus de 10 ans des paysans du Larzac pour conserver leurs terres m'a fait découvrir ce texte de Bernard Lambert, il y a plus de 40 ans mais d'une terrible actualité :
"Le progrès technique incontrôlé, celui qui nous fait accepter n'importe quoi pour assurer notre profit, notre bien-être. Le refus d'accepter l'autre comme un être différent qui peut naître, mourir, se nourrir, s'habiller, aimer, briller de manières différentes.
Alors que faire? Hein? Qu'est ce qu'on fait ? Continuons de croire que notre couleur de peau est la plus belle, notre civilisation la meilleure, notre religion la seule vraie... et à la fin, crevons.
CREVONS D'ÊTRE TROP RICHES, D'ÊTRE TROP GRAS, D'ÊTRE TROP CONS !"
2. 24/03/2014
Bon, c'est cool, mais quel est le message à délivrer aux quelques 5-6 milliards d'humains que l'océan-système fait échouer dans les mégapoles de la planète ... un bras d'honneur ?
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