1. Les identitaires de la « réinfosphère » : Fdesouche et Novopress
Lancé en 2005 comme un blog censé relater « les pérégrinations d’un Français de souche dans le Paris occupé » (par les immigrés non européens et leurs descendants, s’entend…), fdesouche.com, dont le nom est tiré du spirituel pseudonyme de son auteur, François Desouche, prend son essor en 2006 en devenant un site de commentaire de l’actualité, et surtout, en permettant aux internautes de la commenter à leur tour – commentaires qui vaudront quelques ennuis judiciaires au site et à son animateur –, jusqu’à être adoubé par Marine Le Pen qui déclarait en 2010 : « Fdesouche, c’est un média à part entière »…
Un média peut-être, mais un média très singulier, qui ne produit aucune information, se contente de revues de presse, et surtout sélectionne et hiérarchise les « informations » jugées pertinentes selon des critères aussi étroits qu’obsessionnels. Bien que ventilés dans les rubriques traditionnelles de la presse d’information politique et générale, les articles reproduits traitent inlassablement des trois mêmes thèmes : l’immigration, l’islam, et l’insécurité, présentés plus ou moins explicitement comme des menaces pour une identité nationale fantasmée et glorifiée – tout en étant réduite sur le site à quelques symboles dérisoires : le coq, le cochon, les santons de Provence, les crèches de Noël, etc.
En guise de « réinformation », la recette éditoriale de Fdesouche repose en grande partie sur un détournement de faits divers qui scandent l’actualité dans les grands médias, et occulte toute information qui ne permet pas d’illustrer ses options idéologiques, ou servir d’appui à sa propagande politique. En ressort un contenu d’une grande redondance et d’une grande monotonie : à naviguer sur le site, on est rarement sûr de savoir dans quelle rubrique on se trouve. Pour preuve, voici quelques titres d’articles glanés au cours de la troisième semaine de décembre et qui illustrent de façon éloquente cette pauvreté monomaniaque des « informations » proposées :
– dans la rubrique « Société » : « Allumage des bougies de Hanuka au Champ de Mars en présence de la Maire de Paris et du préfet de Région » ; « Un chant musulman dans les églises allemandes le 24 décembre ? » ; « Quand un site musulman recense toutes les raisons de ne pas fêter Noël » ; « Volé en France, un échographe d’une valeur de 74 000 €, retrouvé au Maroc » ; etc.
– dans la rubrique « Sécurité » : « CRS en civil et sa femme agressés : “Sales français, sale race” » ; « Plan Vigipirate renforcé : Les Français partagés entre inquiétude et sérénité » ; « “Pourquoi le déclenchement d’une guerre civile en Europe n’a rien d’une vue de l’esprit mais relève bien d’un implacable projet appliqué par l’État Islamique” » ; « Le Mans : Un homme arrêté après avoir dégradé les décors de Noël et crié “Allah akbar” » ; « Montpellier : poignardé devant un kebab, son pronostic vital est engagé » ; etc.
– dans la rubrique « Économie » : « Grande-Bretagne : L’immigration est le sujet d’inquiétude numéro un d’après un sondage Ipsos » ; « Alsace : Un Noël 100 % “made in France” » ; « Fréjus (83) et Mantes (78) : Les maires FN ne veulent plus de mosquées » ; « En France seuls 9 % des immigrés légaux viennent pour travailler » ; « L’aide médicale d’État renforcée en 2015 : +73 000 000 d’euros » ; etc.
– dans la rubrique « Écologie » : « Les populations européennes ont survécu au dernier âge de glace : nous avons 55 000 ans d’histoire » ; « Tuberculose à bord de bateaux de Lampedusa ; la Marine minimise et pourtant… » ; « L’Europe est-elle prête à faire face à une attaque terroriste ? » ; « Suisse : Les Verts d’Ecopop exigent un contrôle de l’immigration » ; etc.
– dans la rubrique « Culture » : « Les priorités de Libération : "faut-il écrire Allah akbar ou Allahou akbar ?" » ; « Noël dans la cathédrale de Chartres » ; « Nancy : une crèche enlevée au CHU suite à l’intervention d’un journaliste » ; « Quand l’islamiste de Joué-lès-Tours était rappeur » ; etc. Une rubrique qui accueille aussi pas moins de 11 articles consacrés à… la boucherie, profession « traditionnelle » et donc « identitaire » et culturelle s’il en est, à laquelle Fdesouche porte naturellement une affection particulière – même si c’est surtout sur la progression, inexorable semble-t-il, des établissements halal que portent les articles en question !
Là où les médias d’opinion et de parti pris commentent eux-mêmes l’actualité qu’ils choisissent de traiter, Fdesouche laisse ce soin à ses lecteurs. Ainsi, les articles ne consistent souvent qu’en de simples extraits d’articles de presse originaux, ne retenant que les éléments saillants que les internautes sont invités à commenter. Le travail est réduit au minimum pour l’animateur du site tandis que les visiteurs inscrits qui participent à cette exégèse collective coproduisent d’une certaine manière le contenu du site et s’en approprient le contenu plus aisément.
Fdesouche utilise ainsi le potentiel d’interactivité d’internet et encourage la participation de ses lecteurs à travers de multiples dispositifs. Dans une rubrique délicatement intitulée « tranches de vie », sont publiées des vidéos envoyées par les internautes. Le contenu ? Des scènes captées dans la rue, dans les transports en commun ou glanées sur internet et ayant comme seul point commun de nourrir leurs préjugés et de faire écho à leurs convictions politiques.
Pourquoi rassembler en effet ces scènes sous-titrées « Quand un Ivoirien drague une Antillaise dans le RER… », « Une bagarre éclate à la poste du Lamentin en Martinique », « Racailles Vs vendeurs à la sauvette », sinon pour encourager une lecture racialiste de ces faits divers ? La vidéo mise en ligne le 8 décembre dernier est à cet égard édifiante : intitulée « Tranche de vie dans le métro parisien : "vous êtes des voleurs" », on y voit une femme prendre violemment à partie un jeune homme qui vient apparemment de frauder pour entrer dans le métro, et fulminer rageusement contre ses origines immigrées…
Dans la même veine « participative », Fdesouche lançait également au mois de décembre, un « grand concours de crèche », dont l’innocence n’est même pas feinte puisqu’il est organisé « en réponse à ceux que la crèche dérange » ; et que dire encore de ce sondage maison, dont la question posée, comme les réponses proposées, sont aussi révoltantes qu’incongrues...
Sans même parler du logo inspiré par une islamophobie à peine euphémisée qui accompagne l’appel au don…
Animée par une même mentalité d’assiégé et par les mêmes options politiques que Fdesouche, le site Novopress (fr.novopress.info), « se donne comme objectif de refaire l’information face à l’"idéologie unique". Mais ce travail de réinformation ne peut pas se faire seul. La complémentarité entre les différentes plateformes existantes doit permettre de développer un véritable écosystème réinformationnel ». Plutôt que de complémentarité, sans doute faudrait-il davantage parler des similitudes entre les différents médias de cet « écosystème » dans lequel on retrouve notamment Fdesouche, Polémia (voir notre article), ou encore Minute.
Certes, à la différence de Fdesouche, Novopress produit une partie du contenu qu’il propose et l’on peut y trouver quelques articles et quelques informations que l’on aurait pu lire dans des médias moins outrancièrement politisés, sur l’économie et l’environnement notamment, mais le même travers obsessionnel domine : l’actualité n’y est vue qu’à travers la crainte de voir la « culture occidentale » et « l’identité française » submergées par des populations venues du sud de la Méditerranée et un islam conquérant. À titre d’exemple, quelques-uns des articles les plus populaires du mois de décembre : « Les délinquants qui avaient attaqué un RER à Grigny ressortent libres » ; « Interruption de séance, débats houleux : la question des Roms électrise le conseil municipal de Strasbourg » ; « Allemagne : des musulmans créent une "Police de la Charia" » ; « Les dangers de l’immigration pour la France soulevés à l’ONU ! ». Ou encore, le « hashtag du moment » (Novopress est particulièrement actif sur Twitter), bien en évidence sur la page d’accueil : #GrandRemplacement…
Prétendant au qualificatif d’agence de presse, Novopress ne fait pourtant pas illusion et apparaît davantage comme une agence de propagande et de communication. Le site propose notamment une information et un agenda militants qui ne laissent guère de doutes quant à la nature des « informations » diffusées par cette prétendue agence de presse. Comme ce communiqué du Bloc identitaire lyonnais, intitulé « En prévention de la manifestation de l’extrême gauche du 29 novembre à Lyon », qui annonce qu’il « est hors de question pour nous, Identitaires, de laisser nos commerces fermés et ruinés, nous les aiderons le 29 novembre prochain à se défendre » ; ou encore l’annonce de la « IIIème Marche du souvenir organisée par l’association La Compagnie du Maine », dont l’organisateur explique ainsi les motivations : « Nous faisons partie de cette jeune génération qui a pleinement conscience de tous les maux qui composent ce que l’essayiste Éric Zemmour nomme le "suicide français". Parmi ceux-ci, un nous semble central : le mépris de soi au nom d’un amour idéalisé de l’Autre, la haine ou, pire, l’oubli de nos racines au profit de toutes les racines de l’Autre. »
Bien que limité à quelques lubies idéologiques, force est de constater que Novopress propose un contenu riche, diversifié, et qui se veut attractif, avec une rubrique proposant des dizaines d’entretiens (qui font la part belle aux responsables du Front national et aux intellectuels d’extrême droite), un « Top Tweet », ou encore une rubrique « TV » qui comprend de très nombreuses vidéos, des simples reprises des grands médias audiovisuels pour la plupart, mais qui permettent à celles et ceux que l’écrit ou les réseaux sociaux rebutent de s’imprégner de la vision du monde que Novopress promeut.
Voilà donc l’essentiel de l’information en images selon Novopress : « La montée de l’extrémisme islamique à travers le monde » ; « Allemagne : les manifestations contre l’islamisation prennent de l’ampleur » ; « Les Tunisiens fêtent leur nouveau président… place de la Concorde à Paris » ; « Valls : “Jamais nous n’avons connu un aussi grand danger en matière de terrorisme” » ; « Cette camionnette qui fonce dans la foule du marché de Noël à Nantes » ; « Dijon : Il a fauché onze piétons en hurlant "Allah Akbar !" » ; « [Tribune] Zemmour et le délit de non-dit : le début de la fin » ; « Première mission de Vostok France dans le Donbass » ; « Le prochain livre de Michel Houellebecq fait déjà polémique » ; « Samedi 10 janvier 2015, venez fêter les 10 ans de la marche Sainte-Geneviève » ; « Marion Le Pen : "Il y aura une forme de remigration passive”" » ; « Éric Zemmour s’exprime face à la polémique » ; etc.
2. Pseudo-dissidence et fatras complotiste : Égalité et Réconciliation (E&R)
Avant d’être un site internet (egaliteetreconciliation.fr) pourvoyeur d’« analyses » de l’actualité, E&R est un mouvement politique qui se définit comme « une association politique "trans-courants" créée en juin 2007. Son objectif est de rassembler les citoyens qui font de la Nation le cadre déterminant de l’action politique et de la politique sociale un fondement de la Fraternité, composante essentielle de l’unité nationale. Nous nous réclamons de "la gauche du travail et de la droite des valeurs" contre le système composé de la gauche bobo-libertaire et de la droite libérale. » En réalité, E&R est avant tout l’œuvre de son président, Alain Soral, ainsi que le porte-voix de ses idées et… de sa personne, mise en scène de façon grandiose et ridicule sur la page d’accueil du site, contemplant l’histoire aux côtés de Jeanne d’Arc et d’autres « dissidents » auxquels il prétend s’identifier, comme Che Guevara, Vladimir Poutine, Patrice Lumumba, Hugo Chávez ou Mahmoud Ahmadinejad (on appréciera la cohérence de l’attelage).
Autant dire que dans un tel contexte éditorial, la « production et la diffusion de documents d’information » et le « journalisme », présentés comme des « activités » de l’association, prennent un tour assez saugrenu sur le site d’E&R. Tout d’abord, le site est chiche en informations à proprement parler : il existe bien des revues de presse depuis 2007, mais elles se contentent de classer par ordre chronologique des articles glanés à droite et à gauche sur des sites de la grande presse et alternatifs. Un « centre d’idées » propose bien diverses rubriques (religion, politique, économie, international, histoire, société, culture, communauté, défense, écologie, santé) qui pourraient rappeler celles d’un site d’information, mais la plupart d’entre elles sont soit très pauvrement garnies (un seul article dans la rubrique défense, deux dans les rubriques santé et écologie), soit ne proposent rien d’autres que des reprises de textes écrits pour la plupart ailleurs et par d’autres et qui n’entretiennent le plus souvent qu’un rapport ténu avec l’actualité.
Mais l’essentiel n’est pas là sur E&R. L’essentiel, c’est « la pensée » de son président qui en dispense généreusement et modestement quelques bribes dès la présentation du site :
Mieux, ce sont les chroniques vidéo de Soral qui font l’attrait principal d’E&R et qui monopolisent le classement des pages les plus visitées :
Soral apparaît donc finalement comme le comble de… l’éditocrate ! Personnalisation outrancière, points de vue, pour ne pas dire divagations, strictement individuels assénés avec l’aplomb de ceux qui ne doutent jamais de rien, et érigés en leçons universelles, voilà un modèle éditorial qui ne manque pas de sel pour quelqu’un qui aime se présenter comme un « dissident », affrontant le « système », notamment médiatique.
Que dire de la ligne indissociablement éditoriale et politique promue par Soral sur E&R ? Le slogan « gauche du travail et droite des valeurs », qui pourrait tout aussi bien s’énoncer national-socialisme, rappelle évidemment des courants fascistes d’avant-guerre. En toute « logique », c’est donc un antisémitisme, à peine maquillé en antisionisme, qui fait la colonne vertébrale de la production d’E&R. À titre d’exemple, la provocation puérile et répugnante faisant office d’appel au don sur le site.
Voir aussi cet article de « la rédaction d’E&R » qui surfe sur l’engouement de toute l’extr��me droite pour les fêtes (et singulièrement les crèches) de Noël, intitulé « Pas de sionisme à Noël » et qui recense tout ce qui dans l’actualité du mois de décembre peut donner lieu à des saillies judéophobes, comme ce commentaire d’une agression antisémite commise à Créteil : « Sachant que les crimes odieux commis contre les juifs chaque année précipitent le départ de 2 000 juifs français vers Israël, calculez combien de meurtres seront nécessaires pour vider la communauté juive française dans le pot israélien, selon les vœux du très démocratique et sympathique Bibi Netanyahu. » Voir encore, ces titres d’articles qui ne trompent pas quant à ce qui les inspire : « État des lieux de la liberté d’expression et de la domination sioniste sur la France » ; « Du culte de la Shoah comme pornographie mémorielle » ; « République, judaïsme et franc-maçonnerie » ; etc.
Plus largement, s’expriment sur le site toutes les accointances idéologiques qui vont traditionnellement de pair avec un antisémitisme obsessionnel : un catholicisme militant (Soral expliquait dans un entretien filmé début décembre qu’« il faut refaire du catholicisme la religion d’État en France »), un nationalisme souverainiste qui s’opposerait au mondialisme des institutions européennes, et surtout un complotisme de tous les instants. Deux vidéos particulièrement éloquentes résument bien cette ligne. Il s’agit d’entretiens avec un certain Philippe Ploncard d’Assac, fils et continuateur revendiqué de Jacques Ploncard d’Assac qui fut un disciple d’Édouard Drumont et de Charles Maurras, membre de l’Action française et collaborateur du dictateur portugais Salazar. Intitulées « Le complot mondialiste », et « Le mondialisme », leur contenu est résumé ainsi : « Présentation, synthèse du mondialisme, l’immigration au service du mondialisme, le messianisme juif, mise au point sur l’actualité… »
Il résulte de cet amoncellement hétéroclite de textes et de vidéos une grande confusion éditoriale, où des bribes d’analyse économique hétérodoxe cohabitent avec des vidéos de Dieudonné, où un extrait du Cid réalisé en 1961 qui est censé illustrer une fraternité possible entre chrétiens et musulmans, jouxte un entretien avec une historienne pointant « Les mensonges de la Révolution française » (sic), où le « journal de bord » de Jean-Marie Le Pen coexiste avec un texte intitulé « Stopper le tsunami migratoire, pour sauver nos mosquées », et où l’on n’hésite pas à lever le voile sur les multiples complots tramés aux États-Unis : « Marathon de Boston : la piste de "l’État profond" » ou, plus classique, « La double imposture du 11 septembre », article dans lequel on se voit asséner « [qu’] il est évident que l’usage de mini-bombes nucléaires tend à renforcer la piste israélienne », ou plutôt celle de la « communauté organisée [qui] contrôle ces grandes chaînes [de télévision américaines] : la même dont font partie Larry Silverstein, Paul Bremer et tous les autres super-sayanim new-yorkais qui ont coordonné la destruction des Tours jumelles. » Fichtre !
On le voit, l’information n’est pas vraiment le fort, ni le but d’ailleurs, d’E&R. On l’a dit : la pièce de choix du site est constituée par les vidéos d’Alain Soral dissertant sur son canapé. On serait bien en peine de résumer les circonvolutions de ces longs, très longs (jusqu’à 1 h 30…) soliloques mensuels du président-penseur d’E&R. Tour à tour prophétique, goguenard, miséricordieux, menaçant ou sentencieux, mais toujours grave, Soral commente l’actualité de la France et du monde, ainsi que ses propres aventures (sexuelles, pugilistiques, mondaines, cinématographiques, politiques, « intellectuelles », etc.) à la lumière de sa grande hantise : le complot judéo-sioniste mondial…
Ce bref passage en revue de trois sites bénéficiant des plus fortes notoriétés parmi ceux qui propagent des idées d’extrême droite sur internet [1], n’épuise évidemment, et malheureusement pas le sujet. Nous aurions aussi pu traiter, par exemple, de www.dreuz.info, site d’actualité très sélectif qui ne juge dignes d’intérêt que les « informations » à tonalité ultra libérale, ultra atlantiste, ultra pro-israélienne et, bien sûr, fanatiquement islamophobes. Partisan d’options politiques à peu près opposées, jouant sur le même registre antisémite et complotiste que son compère Alain Soral, Dieudonné vient quant à lui de lancer quenelplus.com, un site qui mêle, outre les tristes facéties de son maître d’œuvre, commentaire de l’actualité, critique des médias, et vidéos documentaires sur les sujets les plus divers, et qui semble promis à un « bel » avenir…
Utilisant toutes les potentialités d’interactivité, de réactivité, de mise en forme graphique, de production et de diffusion de contenu audiovisuel offertes par internet, tous ces sites constituent des médias à part entière. Des médias modernes et efficaces, mais dont l’audience massive repose essentiellement sur la capacité de mobilisation des courants politiques qui les inspirent. De purs et simples organes de propagande donc, presque des médias thématiques, pour qui « réinformer » ne peut être que révéler ce que les médias et les pouvoirs officiels ou occultes dissimulent. En aucun cas, aucun d’entre eux ne peut donc être considéré comme un média d’information.
Sauf à ce que les médias dominants ne participent, à leur corps défendant le plus souvent, à donner quelque audience aux obsessions de ces franges les plus radicales et « décomplexées » de l’extrême droite… Comme en 2009, lorsqu’avait été largement relayée la vidéo d’une agression dans un bus parisien, initialement diffusée sur Fdesouche ; ou beaucoup plus récemment, en offrant des tribunes à un porteur d’eau du FN et des identitaires comme Éric Zemmour, avant de faire de ses élucubrations le sujet principal de bavardage médiatique du moment – tous les sites susnommés se sont d’ailleurs régalés de la polémique…
Antoine Sari