Le Lot en Action, par Bluboux, mis en ligne le 26 septembre 2014
Le conflit social à Air France rentre dans son douzième jour. Les médias présentent les pilotes comme des enfants gâtés irresponsables, prêts à sacrifier leur outil de travail. Et l'annonce de l'abandon du projet Transavia Europe fait oublier que Transavia France fonctionne déjà sur le modèle du low-cost, synonyme d'une dégradation des conditions de travail, des baisses de salaire et de millions d'euros de subventions publiques. A l'exemple de Ryanair qui a perçu 793 millions d'euros en 2011 de la part des collectivités territoriales pour maintenir de l’activité sur les aéroports régionaux. Alors que cette même compagnie a été condamnée en octobre 2013 par le tribunal d'Aix-en-Provence pour infraction au droit social et entrave à l'exercice du droit syndical : 200 000 euros d'amende et 9 millions de dommages et intérêts, principalement à destination de Pôle emploi, de l’Urssaf et des caisses des retraites des salariés…
Pour faire le point sur cette affaire, autrement que par la piètre information délivrée par les médias, nous vous invitons à lire l'excellent article publié sur le site de Basta mag, signé de Rachel Knaebel, dont nous vous livrons ci-dessous un extrait. Une information indispensable pour comprendre les véritables enjeux du conflit en cours.
Tous les collaborateurs, pilotes ou personnel de cabine doivent également payer de leur poche la formation interne, soit entre 2 500 et 13 000 euros, selon le rapport du sénateur Bocquet. « Cette dépense est traditionnellement à la charge des exploitants. Elle peut représenter jusqu’à 3 % du chiffre d’affaires », rappelle-t-il. Voilà donc une belle économie pour la compagnie low-cost.
Mais les pratiques douteuses des compagnies sont de plus en plus souvent attaquées en justice. Vueling et Easyjet ont ainsi été condamnées en France pour travail dissimulé et entrave aux instances représentatives des salariés. Chacune a été condamnée à 100 000 euros d’amendes, confirmées par la Cour de cassation en mars 2014. En octobre 2013, le tribunal d’Aix-en-Provence avait déjà condamné Ryanair à 200 000 euros d’amende pour infraction au droit social français et entrave à l’exercice du droit syndical.
Le tribunal a exigé en plus de l’amende le versement de 9 millions d’euros de dommages et intérêts, principalement à destination de Pôle emploi, de l’Urssaf et des caisses des retraites des salariés. La compagnie irlandaise a fait appel de cette décision. Mais elle n’en a pas fini avec les déboires judiciaires. En mai, l’aéroport de Marseille a fait l’objet d’une perquisition dans le cadre d’une nouvelle enquête du parquet pour travail dissimulé, pour des faits cette fois postérieurs à 2010.
« Cette situation est d’autant plus choquante que la compagnie perçoit des subventions de la part des collectivités territoriales pour maintenir de l’activité sur les aéroports régionaux », note le sénateur Éric Bocquet. Ces subventions ont atteint 793 millions d’euros en 2011 « et permis à la compagnie de ne pas être déficitaire ». « Le dumping social bénéficie pour l’heure du concours financier du contribuable », résume le sénateur. Dès 2007, une série de rapports des chambres régionales des comptes avaient lancé l’alerte sur ces centaines de millions d’euros versées par les collectivités à la compagnie irlandaise. La Commission européenne a d’ailleurs estimé en juillet 2014 que plusieurs de ces aides publiques constituaient un « avantage économique injustifié » et étaient incompatibles avec le droit. Ryanair, pour desservir les aéroports de Nîmes et Angoulême, et Transavia pour celui de Pau, étaient pointées du doigt. La Commission enquête sur un autre cas d’aides publiques à Ryanair dans l’aéroport autrichien de Klagenfurt.
Lire l'intégralité de l'article sur le site de Basta.
Photo : Metronews
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