Le député écologiste François de Rugy a opportunément rappelé ce mercredi sur BFM-TV qu'elle était "était l'une des rares responsables PS à prendre position pour un moratoire sur Notre-Dame-des-Landes". Il lui a même lancé un appel : "Nous souhaitons savoir si elle confirme cette position au nom du gouvernement."

Un aéroport "très difficile à faire"

En effet, Presse Océan avait révélé en octobre 2011 que Ségolène Royal, en visite à Nantes avant la primaire pour la présidentielle s'était déclarée "prête à demander un moratoire" sur ce dossier. D’après le journal, elle avait promis de "rouvrir l’enquête publique sur l’aéroport", estimant qu'il était nécessaire de "remettre les partenaires autour de la table pour voir si cela correspond toujours aux besoins d’aujourd’hui". A l’époque, les propos de la présidente socialiste de Poitou-Charente avaient déclenché la colère de Jean-Marc Ayrault, qui avait estimé dans un communiqué que "Ségolène Royal tente de rouvrir, au cœur de la primaire, des débats qui ont été maintes fois tranchés".

Quoi qu’il en soit, sur Ile Web, les anti-aéroport ne se privent pas depuis l’annonce de sa nomination de ressortir des archives plus récentes, dans lesquelles Ségolène Royal continue d’émettre des doutes sur le projet. Le 19 mai 2013, invitée du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, elle avait ainsi estimé que la construction du nouvel aéroport serait "très difficile à faire. Aujourd'hui les gens n'acceptent plus les formes de tension extrême, de combat, de violence. Ce n'est pas possible donc ce qu'il faut c'est sortir par le haut et trouver des solutions en s'écoutant, en se respectant, en se comprenant."

"On ne peut plus faire contre les gens"

L’Acipa, principale association d’opposants, met également en ligne une interview pour Direct Politique et Ouest-France, réalisée en juillet dernier. La dame du Poitou y fait le parallèle entre la mobilisation autour de Notre-Dame-des-Landes et un combat qu’elle avait mené, contre un projet d’autoroute traversant le Marais Poitevin, "la deuxième zone humide d’Europe", qui a fini par se réaliser. "Il ne s’agit pas d’être contre les équipements ni de retourner en arrière", indique-t-elle. "Il faut trouver une juste harmonie entre la protection des valeurs naturelles et l’équipement."

Interpellée sur Notre-Dame-des-Landes, Ségolène Royal se montre d’abord prudente, estimant que cela ne concerne pas sa région. "Je défends des projets quand je les connais parfaitement." Mais elle finit par estimer que "cela ne se fera pas s’il y a une levée de boucliers sur le terrain et si les gens sont farouchement attachés à leur territoire. Soit on est capable d’expliquer clairement la logique d’un projet et de rassembler, soit il y a revendication populaire et à ce moment-là, il faut regarder comment intégrer ces préoccupations-là. On ne peut plus faire contre les gens."

Lundi, Françoise Verchère, conseillère régionale et élue opposée à l’aéroport, avait déclaré "oser espérer" que le départ de Jean-Marc Ayrault de Matignon allait "permettre de relâcher un peu l'omerta et la pression" sur ce dossier : "J'espère qu'on va peut-être pouvoir avoir un rendez-vous avec un ministre de l'Environnement, qu'on n'a encore jamais eu", et que ce départ "va faire bouger des députés socialistes qui n'osaient pas bouger, car c'était le projet de Jean-Marc Ayrault".