Le Fil Paysan (Conf') du 19 septembre

Le Lot en Action, mis en ligne le 21 septembre.

Ci-dessous le Fil Paysan du 19 septembre (newsletter de la Conf' nationale).

A l'assaut des 1000 vaches

Il est 1h du matin ce jeudi 12 septembre quand deux minibus quittent nos locaux, en banlieue parisienne, direction la Picardie, avec 18 paysans à bord.

Deux heures plus tard, sur le site des 1000 vaches, à Durcat, clés à molette en main, ils commencent par démonter les engins. Un flexible par ci, une valve par là, l'effet est impressionnant, mais sans aucune casse. Deuxième étape, les travaux de peinture. A la lumière de leurs lampes frontales, ils taguent « Non aux 1000 vaches » sur 250m de long et 20m de haut, à l'emplacement du futur bâtiment où seront enfermées les vaches. Opération réussie et validée par la photo prise depuis l'ULM.

Mais la journée n'est pas finie. Ceux qu'on appelle désormais les 18 de Durcat, partent rejoindre la centaine de paysans venus de tout le grand nord de la France, et les riverains de l'association Novissen. Objectif : occuper le siège social de Michel Ramery, l'homme des 1000 vaches, à Erquinguem-Lys, près de Lille. Aussitôt dit, aussitôt fait, et c'est dans une ambiance conviviale que près de 400 personnes y passeront la journée après avoir déplié sur la façade une immense bâche à ensilage. L'occupation prend fin, tranquillement, après une rencontre en préfecture.

Cela aurait pu s'arrêter là, mais la Conf' tient à interpeller le ministre de l'Agriculture. Les paysans partent donc direction Rennes et son salon de l'élevage. Au stand du ministère, ils rendent tout ce qu'ils ont pris sur le site des 1000 vaches : le permis de construire et les pièces des engins. A Stéphane Le Foll maintenant de décider de ce qu'il en fera…

La vidéo de l'opération "1000 vaches"

Photo retouchée sur la base du tag réel

Pas d'avenir dans les ferme-usines !

Se mobiliser contre le projet des 1000 vaches est apparu comme une évidence à la Conf'. Il concentre à lui seul toutes les dérives qui mettent en danger l'avenir des paysans.

D'abord, il ne s'agit pas d'un projet agricole. L'objectif de Ramery est de produire du méthane. Les 8 millions de litres de lait annuels de ses 1000 vaches seront un sous-produit de leurs déjections ! Il pourra donc se permettre de le vendre 270 euros la tonne, alors qu'aujourd'hui les éleveurs s'en sortent à peine à 350 euros.

Pour avoir le droit de faire tourner son méthaniseur, il doit pouvoir épandre le digestat, et donc avoir 3000 ha de terres agricoles disponibles. Il en a aujourd'hui plus de 1000. C'est autant qui ne serviront pas à de futurs paysans pour s'installer puisque, malin, il est parvenu à contourner la Safer qui admet n'avoir reçu aucune notification à ce sujet.

Michel Ramery annonce que 18 emplois seront créés sur le site. Avec 20 fermes de 50 vaches, 42 emplois seraient assurés. Le compte est vite fait, mais l'industriel clame qu'il fait tourner l'économie et que c'est un projet pilote, voué à être reproduit partout en France.

Face à cette dérive, certes légale, il est indispensable de légiférer : en mettant des garde-fous au développement de la méthanisation, en renforçant le contrôle des structures pour que les terres agricoles servent plutôt à l'installation de paysans, en empêchant de telles concentrations animales. Avec la Loi d'avenir agricole, Stéphane Le Foll peut, s'il le souhaite, empêcher que des fermes-usines poussent partout sur le territoire.

Des fermes, pas des usines : l'appel à sigantures


Un par un, convaincre les élus que notre PAC est la bonne

C'est un moment important pour l'application en France de la Politique agricole commune. Les grands axes devraient être annoncés dans les semaines qui viennent. En parallèle des négociations menées au ministère, les paysans sont donc partis convaincre leurs élus du bien fondé de notre position, seule en mesure de mieux équilibrer la balance entre ceux qui vivent sur le système et ceux qui n'en récoltent que les miettes.

La PAC ne sera pas validée au Parlement mais les élus ont tout de même du poids pour convaincre le Président de la République et le ministre de l'Agriculture.

D'un bout à l'autre de la France, les paysans de la Conf' se sont donc organisés : ici des courriers, là une conférence de presse, ailleurs des rendez-vous individuels, ou encore des actions médiatiques. Partout, ils ont martelé ce message : « Dites-leur de choisir une PAC en faveur de l'emploi paysan, de nos territoires, de l'environnement et d'une alimentation de qualité ! »

Le document général de la Conf' sur la PAC


Une Loi d'avenir qui ne voit pas bien loin…

Les grandes lignes de la future Loi d'avenir agricole ont été détaillées mardi en Conseil supérieur d'orientation par le ministre de l'Agriculture. Elle sera présentée le 30 octobre en Conseil des ministres et devrait arriver à l'Assemblée nationale en janvier.

Dans ses attendus, elle semble se distinguer des lois agricoles précédentes par sa volonté de modifier le cours des choses sur fond d'agroécologie. Le dispositif phare de cette loi sera la création des Groupements d'intérêt économique et écologique (GIEE), potentiellement de bons outils pour le développement de l'agriculture paysanne, s'ils sont construits de façon cohérente. Globalement, dans cette loi d'avenir, les manques sont pour l'instant plus visibles que les progrès.

Il va donc falloir remplir ce texte avec une véritable réforme de la Safer et du contrôle des structures, avec une ambition forte en termes de diminution des intrants, avec un regard objectif sur la réalité du monde paysan et de sa diversité, entre autres choses…

Il arrive un moment où les mots ne suffisent plus. Les grandes déclarations d'intention peuvent faire une élection, mais elles ne font pas une politique.

Plus d'informations


NDDL : La méthode de l'autruche

Voila un beau défi pour cerveau de conseiller politique : comment poursuivre un projet alors que tout démontre qu'il n'a pas lieu d'exister ? Ceux des promoteurs de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ont trouvé une méthode toute simple. La solution clé, c'est de faire en sorte que les informations désagréables ne voient tout simplement pas le jour.

En l'occurrence, la Commission des pétitions du Parlement européen voulait effectuer une mission sur le site de NDDL. Dont acte. La Conférence des présidents du Parlement européen a tout bonnement décidé du report de cette mission, et tant pis pour les principes démocratiques !

La méthode est certes risible, mais son effet est éprouvé : le Parlement européen sera donc privé du rapport lui permettant de s'opposer au projet. Il en va de même dans les instances nationales et régionales. Difficile dans ce cas de prendre au sérieux les propositions d'études et de discussion.


En région : Le SOS du miel de Lozère

Conséquence de la météo catastrophique du printemps, les apiculteurs, de Lozère et d'ailleurs, ont vu leur récolte 2013 très réduite. Habituellement, les premiers beaux jours sont l'occasion pour les abeilles de faire l'essentiel de leurs provisions. Au lieu de ça, cette année, elles n'ont quasiment pas pu quitter leurs ruches. « Il n'y a pas eu un seul jour de beau temps pendant la floraison de l'acacia, donc la récolte a été nulle, sauf sur mes ruches les plus au nord, explique Gaël Blanc, apiculteur en Lozère. Et même sur l'été les récoltes sont médiocres. En ce moment, je fais moins d'un kilo par ruche en miel de bruyère ». Les pertes de production s'élèvent à 50% en moyenne. Cela s'ajoute aux difficultés permanentes du secteur : pesticides, changements climatiques, pertes de biodiversité.

Les apiculteurs de la Conf' de Lozère ont donc demandé à bénéficier du dispositif calamités agricoles, de dégrèvement de cotisation MSA, et de la prise en charges d'annuités, pour parer au plus pressé : faire en sorte qu'aucun n'abandonne sa production. Mercredi, en réponse à la situation, le ministère de l'Agriculture a mis en place un fond d'allègement des charges des apiculteurs.

Mais au-delà de l'urgence, il faut désormais se poser la question de l'avenir de l'apiculture car la production est trop fragilisée pour perdurer seulement avec ce type de mesurettes.

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