Le Lot en Action, par Bluboux, mis en ligne le 28 avril 2014
Le fait que la SNCF envisage d'utiliser des drones pour « sécuriser » son réseau n'est pas une surprise et démontre que la généralisation de cette nouvelle technologie est inéluctable. Mais elle pose de véritables questions de société, surtout à en juger par l'utilisation massive qu'en fait l'armée américaine depuis près de 10 ans.
La SNCF teste depuis le début de l'année des drones, avec pour objectif de contrôler ses 29 273 kilomètres de lignes en service pour se prémunir des vols de métaux. Ces engins volants sans pilote sont commandés depuis un poste central situé à Paris, qui reçoit par satellite le flux vidéo capté par les drones.
« Les vols de câble, c'est 350.000 heures de travail perdues, la désorganisation de la circulation ferroviaire, et un préjudice financier de l'ordre de 50 millions d'euros. (…) La surveillance des voies se fait aujourd'hui par des patrouilles à pied, parfois cynophiles. On organise aussi des vols par hélicoptères. Il nous semble que le drone constitue un outil supplémentaire pour améliorer cette maîtrise de la surveillance des voies », a expliqué Jean-Marie Roméro, directeur aux affaires territoriales SNCF, dans une interview donnée à l'agence de presse Reuters en février dernier (1).
Plusieurs tests ont été planifiés et les résultats semblent probant pour l'opérateur national, à en juger par la déclaration de Hélène Pascaud, chargée de la communication : « Guillaume Pepy (ndlr : président de la SNCF) est prêt à mettre en place une véritable escadrille de drones ».
Si la généralisation des drones est inéluctable, tant les possibilités offertes par ces « yeux électroniques volants » attirent les convoitises, elle soulève de nombreuses questions. Il devient évident que la police et les sociétés privées vont très vite se doter de cette nouvelle technologie, ultra liberticide. N'oublions pas que les États-Unis, qui ont adopté les drones dans leur arsenal militaire, tuent chaque année bien plus de femmes, d'hommes et d'enfants avec ces drones que par les moyens militaires classiques, notamment en Afghanistan et au Pakistan. Si l'argument principal repris par les états-major et Obama himself est « l'incroyable précision » de ces engins mortifères, c'est oublier que dans près de 40 % des cas la décision du tir est prise sur de mauvaises informations. Bref des assassinats, sans procès, qui ont souvent pour corollaire des « dégâts collatéraux » impliquant femmes et enfants.
Pour en savoir plus
Consultez l'excellent dossier d'Arte, « Les drones – une nouvelle technologie controversée », dans lequel vous trouverez plusieurs documentaires, dont « La guerre des drones », diffusé sur la chaîne en avril. Dossier sur le site d'Arte : http://goo.gl/94irRV
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Note
(1) L'article publié par Capital, dont sont extraits les déclarations de Jean-Marie Romero et Hélène Pascaud, est en ligne sur le site du magazine : http://goo.gl/91jeCq
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