Source : Le Lot en Action n°80 (mars 2014), par Bluboux, mis en ligne le 11 avril 2014
Au deuxième tour de l'élection présidentielle je n'ai pu me résoudre à mettre un bulletin dans l'enveloppe. Voter Hollande était au-dessus de mes forces. Et même si le ras-le-bol de Sarkozy était à son comble, insupportable, le cuisant souvenir de 2002 était trop présent. Hollande est un libéral au service, non pas du peuple français, mais du Medef, des banques, du lobby nucléaire et de la FNSEA. Pendant que les médias nous abreuvent des histoires de fesses de l'actuel Président, des écoutes téléphoniques de l'ancien, des petits scandales politico-financiers devenus monnaie courante, Hollande impose, tranquilou, une politique d'austérité sans précédent, taille à coup de pelleteuse dans les services publics, sabre les retraites, augmente la TVA, multiplie les coups de couteau dans le droit du travail et les acquis sociaux et réalise un hold-up historique au profit du Medef, des banques et de la FNSEA. Alors dans cette cacophonie médiatique digne d'une cour d'école pour enfants attardés, il nous a semblé important de revenir sur trois informations qui ont une importance majeure.
1) Le pacte de responsabilité, qui va offrir 50 milliards d'euros aux grosses entreprises. La politique est toujours une question de choix. Celui qui est fait par Hollande, même Sarkozy n'a pas osé le faire.
2) Le 21 février ont eu lieu les États généraux de l’agriculture. Là encore, le gouvernement fait allégeance à l'agro-industrie et impose une vision ultra-libérale de notre avenir en matière agricole, entrouvrant la porte aux OGM.
Ces deux sujets sont développés ci-dessous et à rapprocher d'une troisième information. Souvenez-vous que Hollande a co-signé un texte avec Obama où il appelle à une prompte adoption du nouveau traité instituant un marché unique avec les États-Unis d’Amérique, le fameux TAFTA. On se souvient que sa hâte est motivée par la crainte d’une « diffusion des peurs » et des « résistances » que le président juge inacceptable, puisque ce projet est la clef de voûte de toute la politique qu'il mène, de concert avec tous les dirigeants libéraux européens. La mobilisation citoyenne contre ce traité est en marche. Après les régions Île-de-France et PACA, les villes de Besançon et Niort ont demandé l'arrêt des négociations menées par la Commission européenne. Plusieurs réunions d'information ont eu lieu dans le Lot et d'autres sont programmées.
Le pacte de responsabilité
Le 6 mars, au lendemain de la signature par trois syndicats du « relevé de conclusion » sur le fameux pacte de responsabilité, Gattaz s’exprimait devant 200 patrons rassemblés par le mouvement patronal « Ethic » : « La position du Medef est de surtout ne prendre aucun engagement chiffré juridique. Pas de contraintes… mais par contre c'est un engagement de mobilisation. Les entreprises décideront de l’usage qu’elles feront des allègements de charges promis dans le cadre du pacte de responsabilité, y compris la distribution de dividendes ». Voilà le fin mot de l'histoire du bras de fer entre Hollande et le Medef ! Le PS va donc faire un joli cadeau de 50 milliards d'euros aux grosses entreprises du CAC 40 et de l'agro-industrie, que ces derniers vont distribuer à leurs actionnaires. Et pour quels résultats ? Le Haut Conseil pour le financement de la protection sociale produit sa propre évaluation des résultats qui peuvent être attendus du pacte de responsabilité. Pour cet organisme, le pacte pourrait créer entre 134 000 et 300 000 emplois en cinq ans, selon le scénario retenu entre la baisse des cotisations sur tous les salaires ou la concentration de la baisse sur les bas salaires. On est loin du million d'emploi promis par Pierre Gattaz. Si nous prenons l'évaluation la plus haute, c'est-à-dire 300 000 emplois créés, le coût de chaque création d'emploi se chiffre à 166 000 euros pour la période des 5 ans à venir, soit 33 000 euros par an !
Sachant qu'un salarié au SMIC coûte 20 000 euros par an à son employeur, cotisations comprises, c'est 500 000 emplois qui auraient pu être créés dans la fonction publique, pour les cinq prochaines années et pour un coût identique.
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