Le Soir (Belgique), par Didier Zacharie. Mis en ligne le 19 septembre 2013.
En Grèce, la colère s’ajoute à la colère. Après celle suscitée par les politiques d‘austérité drastiquesimposées à la population pour renflouer les caisses de l’Etat, il y a désormais celle qui découle du meurtre d’un musicien militant antifasciste par un militant d’extrême droite, membre présumé du parti Aube dorée. Et la Grèce de s’enflammer à nouveau.
A Athènes, comme à Salonique ou Patras, policiers et manifestants s’affrontent depuis mardi soir.
A Athènes
Mercredi, la police a dû tirer des grenades lacrymogènes pour disperser des manifestants violents qui jetaient des pierres et des morceaux de bois contre les forces de l’ordre dans un quartier périphérique d’Athènes, selon l’agence de presse grecque ANA.
Plusieurs heures après le début des affrontements, des renforts de police, en nombre non précisé, ont été envoyés sur place, selon des sources policières.
La manifestation, qui rassemblait environ 5.000 personnes, selon des sources policières, avait été organisée sur les lieux du drame, à Keratsini, un quartier populaire de l’ouest d’Athènes.
Selon un photographe de l’AFP sur place, la plupart des manifestants étaient des militants d’extrême gauche et des alternatifs.
A Salonique
A Salonique, deuxième ville du pays, deux manifestations anti-fascistes réunissant environ 6.000 personnes ont été marquées par des affrontements avec les forces de l’ordre, qui ont tiré des gaz lacrymogènes sur des manifestants qui s’en prenaient à des vitrines, selon l’agence ANA.
A Patras
A Patras, un millier de manifestants ont jeté des pierres et des cocktails Molotov sur la police, qui a riposté avec des gaz lacrymogènes. Un policier à la retraite, qui ne participait pas au maintien de l’ordre, a été blessé, selon une source policière.
Dans la nuit de mardi à mercredi, un musicien et militant anti-fasciste âgé de 34 ans, Pavlos Fyssas, a été tué à coups de stylet par un homme identifié, selon la police, comme étant un membre présumé du parti néo-nazi Aube dorée.
Le meurtre a été condamné par plusieurs dirigeants syndicaux et fonctionnaires en grève au cours d’un défilé qui a réuni environ 10.000 personnes plus tôt dans la journée dans le centre d’Athènes, pour protester contre une réforme brutale du secteur public.
Le parti Aube dorée a démenti toute implication dans le meurtre.
Aube dorée, qui surfe sur le chômage galopant et la grave crise économique en Grèce, est soupçonné d’avoir orchestré des attaques contre des immigrés, et plusieurs de ses 18 députés sont poursuivis pour violences.
Le parti Aube dorée a obtenu 7 % lors des dernières législatives, obtenant ainsi 18 députés. Petit à petit et dans certains endroits, le parti se substitue aux forces de l’ordre, en sous-effectif et trop peu payées, afin de « nettoyer les rues ».
« Longtemps, nous nous sommes crus à l’abri de l’émergence d’une extrême droite forte, car, comme en Espagne et au Portugal, le souvenir de la dictature marque encore les esprits », expliquait le journaliste grec et spécialiste de l’extrême droite Dimitri Psarras au lendemain des législatives, « Mais, aujourd’hui, nous découvrons qu’il y a parmi nous des racistes, des fascistes, des nostalgiques de la junte des Colonels et qu’ils sont de plus en plus nombreux à la faveur de la crise ».
Le gouvernement et le président de la République ont vivement condamné le meurtre du musicien.
« J’en appelle à un réveil social et institutionnel, à la volonté politique de lutter contre cette ignominie. Nous avons tous le devoir de ne pas laisser les portes ouvertes au fascisme », a déclaré le président, Carolos Papoulias.
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