Source : Télérama, par
, mis en ligne le 17 mai 2014Manifestations, prises d'antenne au festival de Cannes… Les actions des intermittents du spectacle se multiplient pour faire amender le texte de l'accord sur l'assurance chômage.
Cela devait être une simple séance de relecture. La réunion du 14 mai entre signataires et non signataires du nouveau texte de la convention d'assurance chômage a finalement viré à la passe d'armes. Objectif des principaux opposants (CGT, CGT Spectacle et, côté patronal, CGC) : empêcher l'agrément de la convention par le ministre du Travail, François Rebsamen, qui devrait normalement avoir lieu avant la fin mai. Ce texte est le produit d'une « négociation de couloirs », affirme le leader de la CGT Spectacle, Denis Gravouil, « nous allons contester en justice la loyauté de l'accord et continuer à le combattre sur le terrain politique ».
Le Medef qui souhaite envoyer le texte au ministère du Travail le plus rapidement possible, ne l'entend évidemment pas de cette oreille. Jean-François Pillard, le négociateur de Pierre Gattaz (patron du Medef) aurait même menacé d'envoyer une nouvelle version du texte, plus dure que celle du 22 mars, en cas de renégociation. Autant dire que les deux parties semblent pour l'instant inconciliables.
« 2014 ne sera pas 2003, mais... »
Pendant que se déroulaient les négociations, les intermittents continuaient à se faire entendre partout où ils le pouvaient. Ils ont réussi brièvement mercredi soir à prendre l'antenne à Cannes. D'abord sur iTélé, en perturbant le duplex d'Olivier Benkemoun, en bas des marches du Palais des Festivals, puis sur Canal +, en plein Grand Journal. D'autres actions avaient lieu simultanément à Montpellier, Lille et Paris, au cinéma Le Grand Rex.
Ces opérations coup de poing ravivent le souvenir de l'été 2003 où l'opposition virulente des intermittents du spectacle à la nouvelle mouture de leur convention d'assurance chômage de l'époque, s'était soldée par la démission d'un ministre, Jean-Jacques Aillagon, et l'annulation de plusieurs festivals dont le plus prestigieux d'entre eux, Avignon. « 2014 ne sera pas 2003 », tempère Denis Gravouil. La crise est passée par là, fragilisant de nombreux intermittents. Beaucoup d'entre eux « sont à un ou deux jours de travail près », explique le leader de la CGT Spectacle. Pas question pour autant de rester les bras ballants. « Quand les ministres se rendront dans les grands festivals comme Montpellier Danse ou Avignon, ce sera mouvementé ». Transmis aux intéressés.
Le PS à la remorque de Martine Aubry
Dans leur combat, les intermittents ont reçu le soutien de la maire de Lille, Martine Aubry qui a adressé le 7 mai dernier, une lettre au ministre du Travail pour lui demander « de ne pas agréer le texte de la convention Unedic ». L'ancienne première secrétaire du PS, dont le cheval de bataille est de longue date la culture, est la première personnalité de renom au PS a avoir pris parti pour les intermittents. Elle a ensuite été rejointe dans un registre plus timide et plus politique par Jean-Christophe Cambadélis.
Dans une lettre datée du 9 mai, le premier secrétaire du PS rappelle que « de nombreuses propositions » présentées par les « professionnels et représentants des employeurs, à travers un comité de suivi représentatif (SYNDEAC, CGT Spectacle, Coordination des intermittents et précaires...) » n'ont « pas été débattues », à l'occasion de l'accord sur l'assurance chômage (1). Au ministère du Travail, François Rebsamen est coincé. Il a déjà été contraint à un joli pas de deux. Avant d'être nommé ministre, il avait signé les propositions du comité de suivi. Depuis, il a opéré un revirement à 180 degrés, et annoncé qu'il comptait à terme agréer l'actuelle convention. En attendant, c'est maintenant au tour de Marie-Christine Blandin (EE-LV) d'élever la voix. La présidente de la commission culture du Sénat, vient d'interpeller le ministre dans une lettre, pour qu'il suspende l'agrément. Entre des intermittents très remontés, un PS de plus en plus vindicatif et des écolos eux aussi hostiles à ce nouveau projet de convention, la voie du gouvernement semble de plus en plus étroite.
(1) Ces mesures concernent notamment la prise en compte dans le décompte des heures d'intermittence des interventions artistiques en cadre scolaire ou le retour à douze mois (au lieu de dix pour les artistes et dix et demi pour les techniciens actuellement) pour effectuer les 507 heures leur permettant d'être indemnisés.
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