Greenpeace alerte sur la vulnérabilité des centrales

Le Lot en Action. 20 février 2012 par Bluboux

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Greenpeace a dévoilé aujourd’hui sa contre-enquête  sur la sûreté des centrales nucléaires françaises, menée par des experts indépendants. Cette contre-enquête a donné lieu à un rapport,  un épais document de 178 pages, qui passe au crible toutes les évaluations complémentaires de sûreté (ECS) réalisées par EDF, Areva et l’Irsn (Institut de radioprotection et de sûreté du nucléaire) à la suite de la catastrophe nucléaire de Fukushima. Les conclusions de ce rapport démontrent qu’en cas d’accident entrainant une fusion du cœur, aucun des 58 réacteurs français en fonctionnement ne résisterait mieux que ceux de Fukushima. Les risques de rupture de confinement et de rejets radioactifs importants sont tout aussi réels qu’au Japon.

Enfin, et c’est sans doute le plus inquiétant, dans les documents fournis par EDF et Areva, il n’est jamais question de pistes pour essayer d’améliorer la sûreté des réacteurs nucléaires et ainsi de diminuer la probabilité d’un accident.

Yves Martignac, directeur de l’Agence indépendante d’information, d’étude et de conseil sur le nucléaire et les politiques énergétiques, l’un des auteurs de ce rapport, était interviewé aijourd’hui par Le Figaro :

Les exploitants français sous-estiment-ils encore le risque nucléaire?

Yves MARIGNAC. - En dépit de l'accident de Fukushima, nous avons conservé en France une doctrine de sûreté basée sur deux piliers. Le premier est de penser que l'on peut faire le tri entre des scénarios plus ou moins vraisemblables. Le second est de croire que les systèmes de secours et de confinement empêcheront toujours les rejets massifs de radioactivité dans l'environnement. Le tsunami japonais aurait dû permettre de remettre en cause cette vision des choses. Cela n'a pas été le cas.

Comment cela se traduit-il concrètement?

Les exploitants ont encore laissé de côté le scénario, pourtant impossible à écarter définitivement selon l'IRSN, d'une fusion du cœur provoquant un dégagement massif d'hydrogène (ce qui s'est passé à Fukushima, ndlr) ou une explosion de vapeur. En refusant de considérer le risque d'explosion interne, on ne s'interroge pas correctement sur la fiabilité des enceintes de confinement. Nous expliquons dans notre rapport que l'absence de peau métallique intérieure dans les bâtiments-réacteurs de 1300 MW les rend paradoxalement plus vulnérables à ce type d'événement que les anciens réacteurs de 900 MW.

Vous mettez aussi en cause les piscines de refroidissement du combustible...

EDF n'envisage que le cas d'un défaut de refroidissement qui conduirait à l'évaporation progressive de l'eau de stockage. Le cas d'une vidange mécanique accidentelle n'est pas évoqué. Pourtant, un séisme important pourrait provoquer une brèche de l'enceinte. L'absence de confinement de ces piscines poserait alors de gros problèmes. Par ailleurs, à La Hague, le risque d'une explosion provoquée par les solvants utilisés pour dissoudre le combustible usagé n'est jamais pris en compte. Ce n'est pas tolérable.

Outre ces mises en garde, quelles propositions faites-vous?

Nous prônons une politique de limitation de ce que nous appelons «le potentiel de danger». Le zyrconium, utilisé pour fabriquer la gaine des crayons de combustible, génère de l'hydrogène lorsqu'il se dégrade sous l'effet de la chaleur. Il faudrait mettre en place un programme de recherche ambitieux pour lui trouver un substitut. L'utilisation de combustible MOX, plus toxique, plus réactif et qui dégage plus de chaleur, est aussi un facteur aggravant. Il y a là un choix industriel sur lequel il convient peut-être de s'interroger. Nous estimons enfin que l'entreposage à La Hague pourrait se faire à sec plutôt que dans des piscines, comme cela se fait ailleurs dans le monde. Cela reviendrait toutefois à avouer que nous faisons du stockage à long terme ce qui n'est pas la ligne officielle. Dans les faits, il y a pourtant des déchets qui attendent d'être retraités depuis dix ans.

Pour en savoir plus :

Site de Greenpeace : Lire l’intégralité du rapport et le télécharger

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