Fukushima : le début de la catastrophe, c’est maintenant

Reflet info. 28 avril 2012 par Bluetouff

 
 

La crise économique européenne, les présidentielles en France, il n’en faut pas plus pour que nous en oubliions la catastrophe de Fukushima de mars 2011. Pourtant, la crise est loin d’être terminée, c’est même tout le contraire. TEPCO ajoute à la malchance ses boulettes et le risque d’assister à une catastrophe sanitaire majeure, loin d’être écarté, devient petit à petit une effrayante réalité. Comme il est de coutume dans ce genre de crise, ce n’est pas sur le gouvernement que la population peut compter.

Il y à peine 4 jours, le 24 avril dernier, la chaine d’information japonaise ANN News diffusait un très inquiétant reportage sur la situation de la piscine à combustibles usés du réacteur 4 de la centrale de Fukushima. Cette information n’a tout simplement pas du tout été relayée par les média français, et très peu de média européens. Voici le reportage en question (en japonais).

La situation est très critique attendu que cette piscine à combustibles usés, des matériaux très hautement radioactifs dont un contact de seulement 10 minutes suffirait à tuer une personne, est pleine. Ces matériaux accusent une radioactivité au Cesium 137 dans des proportions 10 fois supérieures et pour des quantités de matériaux 85 fois supérieures à ce que nous avons connu au coeur de la catastrophe de Tchernobyl. Dans ce contexte, le traitement de l’information par les chaînes de télévision locales a de quoi faire froid dans le dos, comme en seconde partie de ce documentaire dans lequel le journaliste affirme benoîtement qu’en fait, la nourriture n’est pas si contaminée que ça… japonaises, japonais, dormez tranquilles, #toutvabien®

Des choix douteux

Sur la figure ci-dessous qui présente l’architecture du réacteur de type Mark-1, on peut prendre conscience du risque d’un affaissement de la structure, un risque bien réel, craint par les autorités comme le relate le reportage d’ANN News. La centrale, oeuvre de General Electric, comporte placée dans un coin une structure plaçant l’eau en hauteur et dans laquelle les barres à combustibles trempent. Dans un pays à l’activité sismique notoire, ce simple fait a déjà de quoi interpeller.

Pour pallier un affaissement de la structure, TEPCO prévoit donc de pomper l’eau de la piscine afin de la rejeter… dans l’océan. La récupération des barres de combustible est prévue par l’entreprise pour 2013. La sécurisation de la structure quant à elle n’est pas prévue par TEPCO avant 2025 !

Les débris radioactifs, au lieu d’être traités dans la zone interdite, circonscrite dans un rayon de 20 kilomètres autour des réacteurs, sont envoyés aux quatre coins du pays pour être incinérés. Même si des filtres capturent une partie des particules de fumée radioactive, on se doute bien que celle-ci contamine tout le pays. Et il n’y a pas que les débris contaminés qui posent problème.

Ainsi, à Okinawa on a relevé une contamination. Des gens sont tombés malades, et ce n’est qu’après deux mois d’enquête que le pot aux roses a été découvert : une pizzeria du coin a continué d’acheter du bois pour son four à pizza à son fournisseur basé dans le Tohoku, précisément la région dans laquelle se trouve la préfecture de Fukushima. Le bois qui cuisait les pizzas était contaminé à hauteur de plus de 9000 becquerels par kilos !

Les secousses continuent à endommager la structure fébrile de la centrale

Le 13 avril 2012, l’activité sismique de l’île pourrait bien avoir eu un impact sur la structure de ce qu’il reste de la centrale.  Les autorités se sont bien gardées de communiquer sur les effets de ces nouvelles secousses. Sur la carte ci-dessous, en regardant attentivement, on peut se rendre compte de la proximité de l’épicentre avec Fukushima. À Fukushima même, les secousses ont atteint une magnitude de 5,9 sur l’échelle de Richter. TEPCO en avait alerté le gouvernement japonais par le biais d’un fax… le gourvernement japonais a préféré étouffer cette information.

Lire le rapport :

1 of 8 | 56.4MB | 68 pages : https://docs.google.com/open?id=0B4LtoFnyxqmVTDByQWhlYXdRemF0YWhHdmpOSkRNQQ
2 of 8 | 49.3MB | 56 pages : https://docs.google.com/open?id=0B4LtoFnyxqmVUXlQVnJlWVNUSS1PeXY4dzExUDdTQQ
3 of 8 | 31.2MB | 36 pages : https://docs.google.com/open?id=0B4LtoFnyxqmVOXVBRG5paTZUMUNJd25VbGRiNzRaQQ
4 of 8 | 52.9MB | 61 pages: https://docs.google.com/open?id=0B4LtoFnyxqmVOXRqcmZUaV9SRU9uOW1OaVZJZzQ5QQ
5 of 8 | 39.4MB | 48 pages : https://docs.google.com/open?id=0B4LtoFnyxqmVOVV2V1pTR0hRNkNDU2FneDdFdmpuQQ
6 of 8 | 39.2MB | 51 pages : https://docs.google.com/open?id=0B4LtoFnyxqmVeTdhNjFvMVZTV2UzVUludktNNWtkZw
7 of 8 | 32.4MB | 58 pages : https://docs.google.com/open?id=0B4LtoFnyxqmVS2JtRkEtUUVUNUNpRUtCUjhHSGFUQQ
8 of 8 | 38.9MB | 69 pages : https://docs.google.com/open?id=0B4LtoFnyxqmVQkJkQ05QV0tRaHFjM0tZVHRsajlMZw

De l’eau contaminée dont on ne sait comment se débarrasser

Sur la photo illustrant cet article, on peut voir le stock d’eau contaminée dont il va bien falloir faire quelque chose. Jusque là, cette eau était traitée à posteriori. Mais voila que TEPCO accuse maintenant un déficit entre eau usagée et contaminée, et eau injectable pour refroidir le combustible. Encore un sérieux sujet d’inquiétude.

Selon le METI (Ministry of Economy, Trade and Industry), dans ce document en mars, le réacteur 2 aurait recraché 7 millions de becquerels/heure. Le vent poussant naturellement les particules vers l’est, c’est dans l’océan Pacifique que ces particules se sont déversées.

Le cauchemar ne s’arrête pas là. Les containers qui stockent ces eaux contaminées accusent des fuites ; cet hiver, les tuyaux ont gelé, ce sont pas moins de 600 litres d’eau très hautement radioactive qui ont fui avant que TEPCO ne s’en rende compte ! Ces réservoirs, d’une contenance de 40 000 tonnes d’eau radioactive, ont une fâcheuse tendance à connaître régulièrement des fuites.

La population s’organise face à la propagande gouvernementale

Le projet Citizen Radioactivity Mesuring Station effectue une veille active sur les mesures de radioactivité. Petit problème, les données qui y sont relevées par les citoyens tranchent particulièrement avec ce qu’il convient bien de qualifier de  propagande gouvernementale.

Mais la propagande ne s’arrête pas à des mesures de radioactivité sous-estimées ou bidonnées, le gouvernement a même financé des spots publicitaires incitant les japonais à consommer des fruits et légumes ultras contaminés, provenant de la région de Tohoku. Dans ce spot publicitaire totalement surréaliste, c’est le chanteur d’un célèbre boys band local qui incite la population à consommer ces fruits et légumes, un geste patriote pour aider la région de Tohoku. Le chanteur du boys band que l’on peut voir dans ce clip a été hospitalisé il y a une dizaine jours. Ce même chanteur, véritable ambassadeur de la propagande, s’est rendu il y a peu à Tchernobyl dans le cadre du tournage d’un autre spot de propagande également financé par le gouvernement japonais, dans lequel il expliquait que Fukushima c’était comme Tchernobyl aujourd’hui, et qu’il n’y avait en gros aucun risque. Et dans ce clip, il y a d’ailleurs une perle. On peut y voir notre chanteur, muni d’un anthropogammamètre (whole body counter en anglais) servant à mesurer la contamination d’un corps humain. Pendant que la voix off parle on voit rapidement le résultat : 32bq/kilos… une dose impressionnante dont ce document vous donnera idée.

Une autre star locale, le bassiste du groupe Dragon Ash, âgé de 46 ans, est mort en début de semaine de complications cardiaques. Ces cas sont appelés à se multiplier, tout comme en Biélorussie où le nombre d’anomalies cardiaques a quadruplé depuis la catastrophe de Tchernobyl. Le syndrome est bien connu, il porte d’ailleurs le nom de Chernobyl Heart Disease

Sur cette vidéo, une personne relève une radioactivité supérieure à 344 microsieverts/h ! À titre de comparaison, la moyenne en Ile-de-France est de 0.12 microsieverts/h.

Dès avril 2011, on observait au Japon des mutations des pissenlits comme l’explique cette chaîne de télévision japonaise.

Voici l’un des rares blogs scientifiques japonais qui dénonce cette propagande du gouvernement en se basant sur les mesures d’un habitant de la zone de la préfecture de Mie, prévoyant à l’horizon mars 2015 une radioactivité inacceptable.

Voici enfin les relevés de la faculté de médecine de Fukushima.

Une chose est bien certaine, Fukushima, c’est un peu comme la crise économique qui frappe l’Europe : le pire est bien devant nous.

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