Source : La Horde, mis en ligne le 1er mai 2014
À quoi ressemble l’extrême droite aujourd’hui ? Quel rôle y joue le Front national, combien de groupes y a-t-il à sa marge, et que représentent-ils ? Pas si facile de répondre. C’est pourquoi depuis 2012, la Horde et le site d’informations antifasciste REFLEXes s’associent pour présenter chaque année, sous la forme d’un schéma, un panorama graphique des groupes et partis nationalistes français. Cette version mise à jour, au format A4, est accompagné d’une légende au recto qui donne quelques informations essentiels sur la plupart des groupes cités, reproduites ci-dessous.
Le document (au format PDF) peut être librement téléchargé et imprimé, mais vous pouvez aussi en commander en nombre en écrivant à La Horde selon les conditions suivantes :
Réglement en liquide (discrètement) glissé dans l’enveloppe, ou par chèque à l’ordre de NOSZ
Commande à adresser à : LA HORDE 95, avenue du Président Wilson 93108 Montreuil Cedex
Créée en 2011, la Droite Populaire regroupait à l’origine des parlementaires UMP (ayant pour la plupart milité à l’UNI, au MIL ou au GUD), chargés de défendre une ligne « dure » au sein du parti de Sarkozy. Elle a depuis été supplantée par un nouveau courant, la Droite forte, devenu majoritaire au sein de l’UMP. Fondé en 2012 par, entre autres, Guillaume Peletier, un ancien du FN et du MPF, ce mouvement a pour slogan « Nous sommes fiers d’être Français, nous sommes fiers d’être de droite ».
Créée en 1972, c’est la principale formation d’extrême droite : fondée à l’origine par les néofascistes d’Ordre nouveau et d’autres groupuscules nationalistes, le FN devient vite « la chose » de Jean-Marie Le Pen. Au début des années 1980, il rassemble les différents courants de l’extrême droite (catholiques intégristes, anciens collabos, anciens de l’Algérie française) ainsi que des courants plus radicaux (solidaristes, nationalistes-révolutionnaires, néonazis, païens). Le parti a connu une scission en 1998, qui l’a affaibli durant plusieurs années. Depuis le congrès de Tours de 2010, Marine Le Pen a succédé à son père avec la volonté affichée de s’affranchir des courants historiques du nationalisme français. Le FN dispose également d’une structure pour la jeunesse dirigée par Nathalie Pigeot, le Front National Jeunesse : repris en main et épuré par Marine Le Pen, il n’a plus la même dynamique que par le passé.
Crée en 2012, le RBM regroupe autour du FN de Marine Le Pen différents petits partis ou groupuscules souverainistes (dont le SIEL) dans l’espoir à la fois d’élargir son audience électorale et de fondre le FN dans une structure plus large et passe-partout. Malgré l’absence de résultats probants, le RBM sera probablement remis en place lors des prochaines élections.
Bien que n’ayant jamais pris sur le plan électoral, les mouvements souverainistes peuvent ponctuellement se faire les alliés de l’extrême droite : Paul-Marie Coûteaux et son SIEL ont rejoint le FN, tandis que Nicolas Dupont-Aignan de Debout la République déclare être « ouvert au dialogue » ! On constate aussi des dérives, tel le Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF) qui n’hésita pas à manifester aux côtés de Coûteaux.
Mouvement créé en 2007, issu de certains milieux laïcs de gauche, qui expriment leur racisme anti-musulman sous couvert de défense de la laïcité. Aujourd’hui isolé, le FN refusant de répondre à ses appels du pied, RL est en perte de vitesse, sur un terrain, l’islamophobie, repris de plus en plus par l’ensemble de la classe politique.
Issus d’Unité radicale, les Identitaires regroupent le Bloc identitaire et ses sections locales (Projet Apache, Nissa Rebella). Les Identitaires tentent depuis leur création de se démarquer de l’extrême droite traditionnelle tout en recrutant parmi les jeunes nationalistes. Sans référence idéologique, ils misent sur la communication et Internet. Mais ils ne sont pas arrivés à se créer un espace politique distinct de celui du FN, et leur stratégie de dédiabolisation est un semi-échec (à noter que l’un de leurs leaders, Philippe Vardon, tente sans succès de se rapprocher du FN). Le BI dispose d’une pseudo-agence de presse, Novopress, qui mélange dépêches de faits divers et annonces liées aux activités des Identitaires, et d’une structure jeune, Génération identitaire
Prenant la suite de Pro Patria, le MAS s’est développé dans l’ombre des mouvements nationalistes en mettant en place des structures comme l’émission Méridien Zéro. Inspiré par les néo-fascistes italiens de Casapound, le MAS a réussi à s’implanter dans quelques villes comme Toulouse ou Lille. Autour du MAS gravitent également deux revues, Réfléchir & Agir et Rébellion, cette dernière jouant à fond la confusion avec l’extrême gauche et l’anticapitalisme.
Fondé par Alain Soral en 2007, E&R avait à l’origine comme ambition de regrouper nationalistes de droite et patriotes de gauche. Mais après l’échec de la liste antisioniste en 2009, ceux qui voulaient transformer E&R en parti politique sont partis, et l’incohérence politique de Soral a fait le reste. Aujourd’hui, E&R n’est plus que le fan-club de Soral, et l’un des principaux relais de Dieudonné, qui dispose par ailleurs de ses propres outils de propagande. E&R se caractérise par un antiféminisme et un antisémitisme virulent (il s’est rapproché un temps du Parti Antisioniste, aujourd’hui peu actif).
Si le noyau dur de ce petit milieu n’évolue guère, le négationnisme peut remercier Dieudonné qui aura contribué à faire connaitre ses thèses délirantes et certains de ses auteurs. On pense notamment à Robert Faurisson devenu une véritable vedette chez les troupes du pseudo-comique, ou encore à Vincent Reynouard qui a pu étendre son auditoire. Le noyau dur reste regroupé autour de listes de diffusion telle que « Bocage », et de rares publications ou catalogues de VPC.
Les thèses conspirationnistes ne sont pas l’apanage de l’extrême droite, et certaines viennent même de la gauche. Mais elles fournissent souvent des arguments aux fachos de toutes sortes, car derrière chaque conspiration ou presque se cacheraient les « sionistes » (i.e. les Juifs) et/ou les impérialistes (le « grand Satan » américain), ce qui a permis ponctuellement des rapprochements contre-nature. Bien que d’aspect confus, le milieu conspi est organisé en un réseau très dense d’individus et de groupes. On peut citer: Réseau Voltaire, Re-Open911, Mécanopolis, Nouvelle Solidarité de J. Cheminade, Alterinfo…
Né d’une scission du Bloc identitaire, il se structure autour de la Ligue du Midi de la famille Roudier, d’anciens cadres du BI, notamment d’Aquitaine, de Bretagne et d’Alsace d’Abord.
Version française du mouvement Kach du rabbin Khahane, la LDJ se distingue par sa violence et son soutien à l’extrême droite israélienne. Ses cibles favorites sont plus l’extrême gauche pro-palestinienne que l’extrême droite antisémite (sauf récemment avec Dieudonné). De récents départs (Alyah) ont légèrement modifié l’équipe dirigeante, mais sans changer les pratiques.
Basé à Lyon et Paris, ce n’est qu’une vague copie du mouvement étudiant né en 1969. Ce GUD navigue à vue, et s’est surtout illustré par sa violence. Depuis le départ de certains de ses militants spécialisés dans le coup de poing, Édouard Klein s’est mis en retrait, naviguant entre le FN et le business avec les anciens du GUD. Le GUD a été repris en main par Logan Duce sur Paris, un temps proche des Jeunesses nationalistes, ce qui n’est plus le cas depuis mi-2013. Le GUD Paris est aujourd’hui derrière la liste étudiante Assas Patriote.
C’est sous ce nom que l’Œuvre Française (OF) poursuit ses activités depuis sa dissolution à l’été 2013. Auparavant, des cadres de l’OF « infiltrés » dans le FN avaient été victimes de la politique de normalisation de Marine Le Pen, mais l’OF avait connu en 2011 un second souffle grâce aux Jeunesses Nationalistes (JN) menées par Alexandre Gabriac et leur activisme débridé qui a mené à divers procès (les JN ont également été dissoutes en 2013). Les JN se sont dotés d’un « Comité de Liaison et d’Aide Nationaliste » dirigée par Laura Lussaud et d’une structure militante féminine Les Caryatides. Proche des nostalgiques de Vichy ou de l’Algérie Française, des antisémites et des catholiques intégristes, ce mouvement représente la branche «dure» de l’extrême droite française. Pour la première fois cette année, ses responsables se sont présentés aux élections municipales sous leurs propres couleurs.
La mouvance skin d’extrême droite connaît un regain d’activité par rapport aux années 2000. S’il n’existe pas à proprement parler d’organisation skinhead fédérant tous les groupes au niveau national, on retrouve plusieurs groupes qui se font remarquer par leur activisme politique. Depuis la dissolution des JNR et de Troisième Voie de Serge Ayoub, les skins d’extrême droite se sont de nouveau éparpillés dans la nature. C’est sans doute cette situation qui a provoqué un regain d’activité public pour des mouvements comme Blood & Honour Hexagone ou les Hammerskins.
Les réseaux catholiques intégristes sont denses et complexes, et mériteraient un schéma à eux tout seuls. On peut malgré tout citer l’Institut Civitas, et sa branche jeune, France Jeunesse Civitas, ou encore Dies Irae, installé sur la région bordelaise, très proche à une époque des Identitaires. De même, trop nombreuses pour apparaître toutes dans ce schéma, la plupart des organisations anti-IVG sont en contact avec des groupes nationalistes. Leurs principales activités sont les « Marches pour la vie » et les prières devant les centres IVG organisées par SOS Tout Petits.
Collectif créé en 2012 au service d’une idéologie réactionnaire soutenue par la droite catholique, ce mouvement a organisé des manifestations massives contre le projet de loi sur le mariage homosexuel. Difficile de dire s’il s’agit d’un épiphénomène ou si la Manif pour tous a un avenir politique : le mouvement reste en tout cas actuellement mobilisé sur le thème de la défense de la famille traditionnelle et de l’homophobie. Le mouvement a connu une scission en mars 2013, ses éléments les plus radicaux créant le PRINTEMPS FRANÇAIS dirigé par Béatrice Bourges.
Créée en 2005 et dirigé par Thibault de Chassey, le RF a rompu avec le FN et s’est rapproché de l’Œuvre française sur certaines manifestations, mais également de la NDP. Récemment, le RF s’est doté d’un point d’ancrage et de diffusion avec l’ouverture par Chassey de la Librairie française à Paris.
Né à la fin du XIXe siècle, c’est le plus vieux mouvement nationaliste en activité. Mouvement royaliste autrefois école de formation pour les jeunes cadres d’extrême droite, l’AF, présidé par S. Blanchonnet, se contente de sortir son journal et d’organiser quelques rassemblements ou débats. À noter un rapprochement récent et surprenant avec Alain Soral, allant jusqu’à assurer sa protection sur certaines de ses sorties.
Surtout pr��sents dans le Sud-Est, les nostalgiques de l’Algérie Française ( Adimad, des anciens de l’OAS, Comité Véritas, Cercle Algérianiste, Jeune Pied-Noir …) peuvent localement représenter un poids électoral non négligeable.
Fondée en 2008 autour de courants réunis dans la revue Synthèse nationale, la NDP regroupe les opposants historiques de Jean-Marie Le Pen au sein du FN ou à l’extérieur du mouvement. La NDP tente d’incarner politiquement ce qu’était le FN des années 1980, c’est-à-dire une structure regroupant toutes les tendances de la mouvance nationaliste. Alliée au Parti de La France de Carl Lang et au MNR, la NDP a formé l’Union des Droites Nationales à l’occasion des législatives de juin 2012, sans obtenir de résultats significatifs.
Créé en 1994 et dirigé par Pierre Vial, (un ancien du GRECE et du FN) ce mouvement racialiste et païen permet aux militants nationalistes de se retrouver dans une structure « neutre ».
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